Après celui sur le Rwanda et celui sur l’Algérie, tous deux publiés en 2021, un rapport sur les zones d’ombre de la présence française au Cameroun, écrit par des chercheurs des deux pays, a été rendu public mardi 28 janvier. Editeur et essayiste, Thomas Deltombe a fait partie des précurseurs qui ont documenté la guerre secrète menée par Paris dans l’Etat d’Afrique centrale dans les années 50-60 (1). Alors qu’est enfin admise la répression violente qui a conduit la France à massacrer des villages entiers, à torturer des militants et à assassiner les principaux leaders indépendantistes, le spécialiste évoque aussi les limites des «opérations mémorielles» lancées par le président Macron à destination du continent africain. Tout en saluant la mise en lumière de cette page sombre et méconnue de notre histoire, au prix de quelques impasses persistantes.
Pourquoi cette histoire est-elle restée si longtemps cachée ?
Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, la répression lancée par la France dès les années 1950 contre le mouvement indépendantiste camerounais, l’Union des populations du Cameroun (UPC), était en partie illégale. Le Cameroun étant alors un territoire sous tutelle de l’ONU, et non une colonie stricto sensu, Paris n’était pas autorisé par le droit international à engager une telle puissance de feu. La France a donc mené la guerre en secret. L’autre facteur d’invisibilisation est la guerre d’Algérie. Celle-ci a monopolisé l’attention de la métropole à partir de