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Reportage

RDC : à Goma encerclée par les rebelles, «les enfants vivent entourés de violence»

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L’immense camp de réfugiés qui borde la capitale provinciale du Nord-Kivu ne cesse de s’étendre. Manquant de moyens, les organismes humanitaires s’efforcent d’éviter les épidémies, tandis que des groupes de jeunes bénévoles locaux se mobilisent pour aider les victimes du conflit.
Esther Abumba, 21 ans, est originaire de Goma. Bénévole pour l'association Agir-DC, elle prépare la file d'attente des enfants pour une distribution de nourriture dans le camp de déplacés internes de Mugunga, en périphérie de la ville. (Philémon Barbier/Hors format pour Libération)
par Patricia Huon, envoyée spéciale à Goma (RDC)
publié le 9 mars 2024 à 15h10

Les camps ont poussé au pied des collines, sur la lave noire et dure du volcan Nyiragongo, et s’étirent jusqu’aux rives du lac Kivu. Ce paysage majestueux sert de cadre à un immense drame humain. Sous chaque bâche de plastique qui recouvre un abri de fortune, une famille en fuite a trouvé refuge.

Début février, l’avancée des troupes du mouvement M23, appuyées par le Rwanda, a provoqué la panique. Les rebelles ne sont désormais qu’à une vingtaine de kilomètres de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, carrefour stratégique au cœur de la région des Grands Lacs. Ils contrôlent aussi les principaux axes routiers et asphyxient la ville de 2 millions d’habitants, située à la frontière rwandaise, qui dépend de ces voies pour son approvisionnement en produits agricoles.

En fin de matinée, dans le camp de Mugunga, des rires d’enfants percent dans la misère et le désordre. Des dizaines de gamins chantent et frappent dans les mains dans un rythme exutoire. Gamelle ou tasse dans les mains, la faim au ventre, ils attendent impatiemment la distribution d’une bouillie de maïs, préparée dans de grandes casseroles posées sur des braises de charbon. Le seul repas de la journée pour la majorité d’entre eux. «Quel avenir pour ces enfants ? interroge Esther Abumba. Ils vivent entourés de violence, sans foyer, sans école.» Depuis l’an dernier, deux fois par semaine, elle participe aux actions d’Agir-RDC, un collectif de jeunes bénévoles bienveillants – artistes, musiciens, journa