Menu
Libération
Violation des droits humains

RDC : l’ONU accuse le M23 d’avoir exécuté des enfants après la prise de la ville de Bukavu

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme assure ce mardi 18 février avoir «confirmé des cas d’exécutions sommaires d’enfants» par les rebelles soutenus par les Rwandais, après que la ville de l’est de la république démocratique du Congo est tombée entre leurs mains en fin de semaine dernière.
Des membres de la Croix-Rouge à l'œuvre à Bukavu, lundi 17 février 2025. (Janvier Barhahiga/AP)
publié le 18 février 2025 à 14h49

Les Nations unies ont accusé ce mardi 18 février le groupe armé M23, dont les combattants alliés à des troupes rwandaises viennent de prendre le contrôle de la ville de Bukavu, dans l’est de la RDC, d’y avoir exécuté des enfants. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme «a confirmé des cas d’exécutions sommaires d’enfants par le M23 après son entrée dans la ville de Bukavu la semaine dernière».

«Nous n’avons pas de chiffre global» du nombre d’enfants exécutés mais «nous disposons d’un grand nombre de rapports» que «nous devons vérifier», a déclaré une porte-parole onusienne, Ravina Shamdasani, en conférence de presse, soulignant qu’il y a aussi beaucoup de vidéos sur les réseaux sociaux.

La représentante du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a notamment détaillé que «trois garçons ont été tués lors d’une altercation avec des membres du M23, selon des informations recueillies auprès de sources fiables». Les jeunes victimes avaient «collecté des armes» qu’ils avaient trouvées, avant d’être «interceptées par le M23» qui leur a demandé de rendre les armes. «Ils ont refusé et ont été tués», a relaté Ravina Shamdasani.

«Nous demandons au Rwanda et au M23 de veiller à ce que les droits humains et le droit humanitaire international soient respectés», a exhorté la porte-parole onusienne. Selon elle, la situation sur place, «très chaotique, se détériore fortement, entraînant de graves violations des droits humains et des abus, tels que des exécutions sommaires, y compris d’enfants, et des violences sexuelles et fondées sur le genre», tandis que des hôpitaux et entrepôts humanitaires sont attaqués.

«Effrayamment réels»

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, «exprime son horreur face aux événements qui se déroulent au Sud et au Nord-Kivu et à l’impact qu’ils ont sur les civils», a assuré la porte-parole. «La violence doit cesser immédiatement», et toutes les parties doivent «reprendre le dialogue dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi», a-t-elle ajouté. «Les risques que cela se transforme en un conflit encore plus profond et plus large sont effrayamment réels et auront des conséquences encore plus dévastatrices pour les civils», a fait savoir sa représentante.

Dimanche, le groupe armé M23 et ses alliés rwandais se sont emparés de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, après une progression éclair qui les a vus prendre fin janvier Goma, grande ville et nœud économique du Nord-Kivu.

Kinshasa accuse son voisin d’«ambitions expansionnistes» et de vouloir piller les riches ressources de ces deux provinces. Kigali dément, ne confirmant pas même sa présence en RDC, mais martèle la menace que représentent pour sa sécurité les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), créés par d’ex-responsables hutu en fuite.