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Libération
Entrevue

RDC : une rencontre surprise entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame au Qatar

Les présidents congolais et rwandais se sont vus en tête à tête mardi 18 mars, à Doha, pour discuter d’une sortie de crise dans l’est de la république démocratique du Congo. Les pourparlers entre le M23 et le gouvernement congolais, prévus ce jour-là, avaient été annulés à la dernière minute.
L'émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani (en centre), avec le dirigeant rwandais Paul Kagame (à gauche) et le président de la RDC, Félix Tshisekedi, à Doha le 18 mars 2025. (MOFA QATAR/AFP)
publié le 19 mars 2025 à 10h11

L’entrevue, organisée dans le plus grand secret, n’a été révélée qu’une fois terminée. Les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame se sont rencontrés mardi 18 février à Doha, au Qatar. Un coup de théâtre, alors que les pourparlers prévus le même jour à Luanda, en Angola, entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23, venaient de tomber à l’eau. Le groupe armé – soutenu diplomatiquement et militairement par le Rwanda – avait renoncé à participer au dernier moment, pour protester contre les sanctions le visant, émises la veille par l’Union européenne.

Le conflit dans l’est de la république démocratique du Congo (RDC) s’est intensifié ces derniers mois. Le M23, piloté selon les experts de l’ONU par l’armée rwandaise, a lancé fin janvier une offensive militaire d’envergure, s’emparant en l’espace de quelques semaines des deux grandes villes de l’est congolais, Goma et Bukavu. Kinshasa, qui a longtemps refusé de négocier directement avec le M23, qu’il qualifiait de «terroriste» et de «marionnette» du Rwanda, s’était finalement résolu à rencontrer ses représentants à Luanda. Mais ceux-ci ont annulé leur participation au dernier moment, alors que leur délégation était déjà arrivée sur place.

L’espoir d’une réouverture des discussions pour un règlement pacifique de la crise, qui a jeté des centaines de milliers de déplacés sur les routes, semblait s’assombrir. Jusqu’à l’annonce surprise du rendez-vous de Doha. «Les chefs d’Etat [congolais et rwandais] ont réaffirmé l’engagement de toutes les parties en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel», a indiqué le ministère des Affaires étrangères qatari. Ils ont également «convenu de la nécessité de poursuivre les discussions entamées à Doha afin d’établir des bases solides pour une paix durable».

«Un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel»

Le ministère qatari a publié une photo sur X, montrant Félix Tshisekedi et Paul Kagame assis dans des fauteuils placés face à face, le regard tourné vers l’émir-médiateur Tamim ben Hamad al-Thani, affichant un large sourire. Les deux dirigeants africains, qui nourrissent ouvertement une animosité réciproque, ne s’étaient pas croisés depuis un entretien glacial en marge d’un sommet de l’Union africaine, il y a plus d’un an. Mi-décembre, Paul Kagame avait annulé une rencontre prévue à Luanda à la dernière minute.

La cellule de communication de la présidence congolaise a confirmé l’entrevue de Doha tard dans la soirée par communiqué. «Un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel vient d’être décidé entre la RDC et le Rwanda», a avancé sur X la porte-parole du président congolais, Tina Salama. «Les modalités de l’exécution de ce qui a été convenu seront précisées dans les jours qui viennent», a toutefois nuancé Kinshasa. La présidence rwandaise n’avait, elle, fait aucune déclaration, se contentant de reposter sur X le communiqué qatari. La prudence est de mise. Les précédents cessez-le-feu déclarés dans le cadre de la crise du M23 n’ont jamais été respectés plus de quelques jours.