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Libération
RDC

Rébellion du groupe armé M23 : les affrontements reprennent dans l’est du Congo

Après une accalmie de quarante-huit heures, le groupe rebelle, soutenu par des troupes rwandaises, a attaqué l’armée congolaise dans le Sud-Kivu, ce mardi 11 février.
A Goma, la population fuit les affrontements entre le groupe rebelle M23, soutenu par les troupes rwandaises, et l'armée congolaise, le 11 février 2025. (Michel Lunanga /AFP)
publié le 11 février 2025 à 17h07

La trêve aura tenu moins de trois jours. Des affrontements entre l’armée congolaise et le groupe rebelle M23, en guerre contre le pouvoir de Kinshasa et soutenu par des troupes rwandaises, ont à nouveau éclaté ce mardi 11 février, dans l’est de la République démocratique du Congo. Samedi, les dirigeants africains de l’EAC (la Communauté d’Afrique de l’Est) et de la SADC (Afrique australe), réunis en Tanzanie, avaient pourtant appelé à un cessez-le-feu. Il n’aura pas tenu davantage que les précédents. Les combattants du M23 et les soldats rwandais ont attaqué des positions de l’armée congolaise à l’aube près d’Ihusi, selon des sources sécuritaires et locales de l’AFP, qui signalent des «détonations d’armes lourdes». Ihusi est une localité située à environ 70 km de Bukavu, capitale provinciale du Sud-Kivu, et à une quarantaine de kilomètres de l’aéroport stratégique de Kavumu.

Après s’être emparé, au terme d’une offensive éclair, fin janvier, de la grande ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, le M23 a progressé dans le Sud-Kivu. Appuyé par les forces rwandaises, le groupe armé aurait tenté ces derniers jours de prendre le contrôle des hauts plateaux surplombant la route principale menant à Bukavu et ainsi de couper les voies d’approvisionnement de l’armée congolaise. Ce mouvement a toutefois été contenu par les militaires burundais déployés dans le secteur, selon l’AFP. Environ 10 000 soldats burundais sont déployés au Sud-Kivu en appui de l’armée congolaise. Le Burundi a envoyé, vendredi 7 février, au moins un bataillon supplémentaire dans la zone.

Augmentation des cas de choléra

La peur d’une prochaine attaque s’est déjà emparée de Bukavu, ville d’un million d’habitants. Les écoles ont fermé vendredi. Ce mardi 11 février, les banques sont restées closes. La prise de la ville, qui était déjà tombée aux mains de soldats dissidents de l’armée congolaise en 2004, donnerait le contrôle total du lac Kivu au M23 et aux troupes rwandaises. Mais avant Bukavu, la menace pèse sur l’aéroport de Kavumu dont l’activité est principalement militaire. Il est utilisé par l’armée congolaise pour acheminer des renforts en hommes et en matériel dans la région, vers sa principale base militaire non loin.

A Goma, la situation humanitaire s’aggrave. L’eau courante est coupée dans une partie de la ville. Sans autre solution, des habitants s’approvisionnent dans l’eau du lac Kivu, où des corps ont été repêchés après les combats. Selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), une augmentation de cas de choléra a été observée dans la région, notamment parmi les populations déplacées à cause des combats.

La crise dans l’est de la RDC doit être abordée lors d’une réunion de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, ce vendredi 14 février. Depuis la récente intensification du conflit, les appels de la communauté internationale à une désescalade se sont multipliés, avec la crainte que le conflit ne dégénère en guerre régionale. Jusqu’à présent, les initiatives diplomatiques pour tenter de régler ce conflit, qui dure depuis plus de trois ans, n’ont rien donné. Kinshasa réclame, sans effet jusqu’ici, des «sanctions ciblées» contre le Rwanda et accuse Kigali de vouloir piller les nombreuses richesses naturelles présentes sur son territoire, dont le tantale et l’étain utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, ou l’or. Le Rwanda dément et dit vouloir y éradiquer certains groupes armés qui menacent selon lui sa sécurité en permanence, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables hutus du génocide des Tutsis.