Pour Youssef (1), l’année 2022 marque un véritable tournant. Alors âgé de 25 ans, cet aide-soignant originaire de Tunis est victime d’une agression de la part de l’homme avec qui il s’apprêtait à avoir une relation intime. Bouleversé, il décide alors de contacter la police. «Cet appel à l’aide s’est transformé en désastre», déplore-t-il auprès de Libération via une application de messagerie instantanée. Car au lieu de protéger la victime, les forces de l’ordre l’interpellent. Ce qu’elles lui reprochent : son homosexualité. A l’issue de son arrestation, l’homme à la barbe de trois jours, taillée au millimètre, affirme avoir subi un examen rectal pour établir une «preuve» de ses relations sexuelles, et n’avoir pas eu accès à un avocat lors de son audience.
Il sera finalement condamné pour «sodomie» et passera plus de six mois en détention, dans des conditions particulièrement éprouvantes : «J’ai subi des insultes, des menaces, de la violence psychologique… Cette période m’a profondément marqué, et la stigmatisation liée à mon passage en prison me poursuit encore aujourd’hui.» Le Tunisien raconte l’impact dévastateur qu’a eu la révélation de son orientation sexuelle sur sa vie : «J’ai été licencié, ce qui m’a privé de toute source de revenus et fragilisé encore davantage ma situation. Ma famille m’a également tourné le dos et m’a privé de tout droit à l’héritage.» Sans emploi ni soutien, Youssef vit désormais sans logement stable,