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Violences

Répression des personnes LGBT en Tunisie : «Je vis chaque jour avec la peur d’être à nouveau persécuté»

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Depuis le virage autoritaire du président Kaïs Saïed en 2021, les autorités tunisiennes ont multiplié arrestations, harcèlement et intimidations contre les personnes LGBT, dans un contexte où l’homosexualité demeure criminalisée.
Manifestation de défense des droits des LGBT+, à Tunis, le 26 juin 2024. (Fethi Belaid /AFP)
publié le 6 août 2025 à 9h31

Pour Youssef (1), l’année 2022 marque un véritable tournant. Alors âgé de 25 ans, cet aide-soignant originaire de Tunis est victime d’une agression de la part de l’homme avec qui il s’apprêtait à avoir une relation intime. Bouleversé, il décide alors de contacter la police. «Cet appel à l’aide s’est transformé en désastre», déplore-t-il auprès de Libération via une application de messagerie instantanée. Car au lieu de protéger la victime, les forces de l’ordre l’interpellent. Ce qu’elles lui reprochent : son homosexualité. A l’issue de son arrestation, l’homme à la barbe de trois jours, taillée au millimètre, affirme avoir subi un examen rectal pour établir une «preuve» de ses relations sexuelles, et n’avoir pas eu accès à un avocat lors de son audience.

Il sera finalement condamné pour «sodomie» et passera plus de six mois en détention, dans des conditions particulièrement éprouvantes : «J’ai subi des insultes, des menaces, de la violence psychologiqueCette période m’a profondément marqué, et la stigmatisation liée à mon passage en prison me poursuit encore aujourd’hui.» Le Tunisien raconte l’impact dévastateur qu’a eu la révélation de son orientation sexuelle sur sa vie : «J’ai été licencié, ce qui m’a privé de toute source de revenus et fragilisé encore davantage ma situation. Ma famille m’a également tourné le dos et m’a privé de tout droit à l’héritage.» Sans emploi ni soutien, Youssef vit désormais sans logement stable,