La foule est descendue en masse lundi dans les rues de Goma, capitale du Nord-Kivu, dans l’est de l’immense république démocratique du Congo, réclamant des armes et hurlant sa haine contre le Rwanda, petit pays voisin. Les manifestants l’accusent de soutenir le M23, une rébellion constituée il y a plus de dix ans qui résiste bien mieux que prévu à l’offensive des forces régulières, les FARDC, déclenchée le 20 octobre.
Reportage
Loin de faire reculer ces forces rebelles, l’armée congolaise est en effet en débandade. Permettant au M23 de sortir de son bastion, conquis en juin à la frontière ougandaise, pour doubler soudain la surface du territoire sous son contrôle et conquérir, ce week-end, les localités stratégiques de Rutshuru et Kiwanja, qui lui ouvrent la route de Goma.
Sur Twitter, la vidéo d’un soldat des forces régulières tourne en boucle depuis dimanche. Fuyant les combats, il s’exclame dans un état de panique : «On a été sévèrement battus par les rebelles ! Ils sont bien équipés et pas nous ! Nos généraux sont des tribalistes et des voleurs ! Personne en réalité ne se soucie du M23 !»
Loi martiale
Officiellement pourtant, la paix dans l’Est était la priorité du gouvernement de Félix Tshisekedi, (mal) élu en 2019, à la faveur d’un deal avec Joseph Kabila, le despote qui régnait depuis 2001 sur le pays. En mai 2021, le nouveau président déclare l’état de siège au Nord-Kivu et dans la province voisine de l’Ituri, où sévissent 122 groupes armés. L’essentiel des pouvoirs est transféré aux m