Il est parfois risqué d’avoir raison trop tôt. Mais l’Histoire n’est jamais définitivement écrite, et ceux qui ont été ostracisés, pour avoir fait preuve de courage, finissent souvent par être récompensés.
En proposant Antoine Anfré au poste d’ambassadeur de France au Rwanda, choix validé samedi par Kigali, Emmanuel Macron ne concrétise pas seulement le rétablissement des relations diplomatiques entre deux pays aux relations tumultueuses depuis le génocide de la minorité tutsi en 1994. Il offre ce poste, qui reste délicat, à un homme qui peut aujourd’hui être assimilé à un lanceur d’alerte, pour avoir analysé avec lucidité, et dès 1991, les dangers d’un soutien français à un régime acculé, et emporté dans une spirale mortifère.
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Plus d’un quart de siècle après la tragédie, la nomination d’un nouvel ambassadeur de France a d’emblée une importance symbolique : il n’y en avait plus depuis 2015. Lorsqu’une énième crise avait conduit à rappeler le dernier titulaire du poste, occupé ensuite par un simple chargé d’affaires. En cause à l’époque, encore et toujours, les crispations mémorielles qui hantent les relations franco-rwandaises depuis 1994, sur le rôle joué par Paris aux côtés des responsables d’une solution finale, qui fera près d’un million de morts en trois mois. En près de trente ans, les clashs et coups d’éclat n’ont pas manqué. Provoquant même la rupture des relations diplomatiques entre 2006 et 2009.
De façon assez audacieuse, Macron a mis un terme à l’ambivalence officie