Il y a des destins qui rendent la vie réelle plus puissante que tous les ressorts de l’imagination ou de la fiction. Celui de Paul Rusesabagina appartient à cette catégorie. Mercredi s’ouvre à Kigali le procès de cet homme longtemps adulé par Hollywood et immortalisé dans le film Hôtel Rwanda (2004). Comment a-t-il pu passer, en quinze ans, du statut de héros légendaire à celui de terroriste supposé ? Et qui est réellement ce sexagénaire qui devra, aux côtés de vingt autres suspects, répondre des accusations d’«actes de terrorisme» en lien avec une série d’attaques meurtrières perpétrées en 2018 dans le sud-ouest du Rwanda ? Révélées tardivement, les parts d’ombre du «Schindler rwandais» qui pendant le génocide de 1994 aurait protégé 1 268 Tutsis réfugiés dans un hôtel de la capitale, puis les bifurcations qui l’ont propulsé à la tête d’un mouvement armé d’opposition au régime en place, sont déjà suffisamment troublantes. Et les conditions de sa réapparition spectaculaire au Rwanda le 31 août, alors qu’il avait définitivement quitté son pays en 1996, sont tout aussi intrigantes. «J’ai été kidnappé», a affirmé Paul Rusesabagina lors d’une audience devant ses juges le 27 novembre.
En exclusivité pour Libération et le magazine Jeune Afrique, le pasteur évangélique Constantin Niyomwungere, qu