Au cœur de la jungle rwandaise de Nyungwe, l’air est frais et le silence n’est troublé que par le murmure lancinant des insectes. Hormis quelques débris métalliques dans l’herbe et des traînées de suie sur la barrière de sécurité, il reste peu de traces de la sanglante attaque qui s’est déroulée il y a près de trois ans, le 15 décembre 2018, sur la route nationale 6 qui traverse cette immense forêt tropicale dans le sud-ouest du pays. Mais les témoins, eux, n’ont rien oublié.
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Ce jour-là, Azela traverse la forêt dans l’autocar qui relie la capitale Kigali à la ville de Cyangugu, à l’extrême sud-ouest du pays. «J’étais en train d’allaiter mon bébé quand on a vu un barrage sur la route. Les attaquants ont surgi. Trop nombreux pour les compter. Ils ont tiré dans les roues en ordonnant au chauffeur de s’arrêter, puis ils ont tiré sur les passagers du bus et j’ai été touchée», raconte cette agricultrice de 39 ans. Les assaillants abattent alors six personnes âgées de 13 à 45 ans, en blessent de nombreuses autres puis frappent leurs victimes avec des bâtons avant d’incendier le bus.
Attaques aveugles
Depuis février 2021, le procès de dix-huit des personnes accusées, entre autres, d’avoir commis et commandité cette attaque, se tient à Kigali. Tous appartiennent au Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), une coalition d’opposants en exil créée en novembre 2016, et à sa branche armée, le Front de libération nationale (FLN) qui a déclaré la guerre au régime en place à Kigali. Mai