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Conflit

Sahara occidental : le plan d’autonomie marocain adoubé par le Conseil de sécurité de l’ONU

A l’initiative des Américains, le Conseil a pris position ce vendredi 31 octobre pour une autonomie sous souveraineté marocaine pour ce vaste territoire désertique. L’Algérie a refusé de participer au vote.

Un poste de contrôle tenu par les forces de sécurité sahraouies, près de Dakhla, le 14 janvier 2023. (Ryad Kramdi/AFP)
Publié le 31/10/2025 à 22h08, mis à jour le 31/10/2025 à 22h23

C’est la solution «la plus réalisable», de l’avis des Etats-Unis. A l’initiative de Washington, le Conseil de sécurité de l’ONU a apporté ce vendredi 31 octobre son soutien au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental malgré l’opposition de l’Algérie. Colonie espagnole jusqu’en 1975, le Sahara occidental est contrôlé en majeure partie par le Maroc mais considéré comme un territoire non autonome par les Nations unies. Un conflit y oppose Rabat aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Un vote apprécié comme un «changement historique» par le roi du Maroc, dans un discours vendredi soir. «Nous ouvrons un nouveau chapitre victorieux dans le processus de consécration de la marocanité du Sahara, destiné à clore définitivement ce dossier», a affirmé Mohammed VI dans un discours. Le Maroc procèdera «à l’actualisation et à la formulation détaillée» du plan d’autonomie pour le soumettre «ultérieurement» aux Nations Unies «en tant que solution réaliste et applicable» qui «devra constituer la seule base de négociation», a ajouté le monarque.

Un texte «en deçà des attentes du peuple du Sahara occidental»

Jusqu’alors, le Conseil de sécurité pressait le Maroc, le Polisario, l’Algérie et la Mauritanie de reprendre des négociations – interrompues depuis 2019 – pour parvenir à une «solution politique réalisable, durable et mutuellement acceptable». Mais à l’initiative des Américains, en charge de ce dossier au Conseil, la résolution adoptée par onze voix pour, aucune contre et trois abstentions – l’Algérie, membre non permanent, ayant refusé de participer au vote – prend position pour le plan présenté par Rabat en 2007 : une autonomie sous souveraineté marocaine pour ce vaste territoire désertique, riche en phosphate et aux eaux poissonneuses.

Le texte note le «soutien exprimé par de nombreux Etats membres» au plan marocain et estime qu’«une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable». Dans ce contexte, il appelle le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et son émissaire sur ce dossier, Staffan de Mistura, à mener des négociations «sur la base» de ce plan pour parvenir à un accord mutuellement acceptable.

«Mon pays n’a pas participé au vote sur ce projet de résolution. Par cette absence et en toute responsabilité, l’Algérie a tenu à illustrer sa prise de distance avec un texte qui ne reflète pas fidèlement, qui ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation, a réagi l’ambassadeur algérien Amar Bendjama. Le texte est en deçà des attentes et des aspirations légitimes du peuple du Sahara occidental représenté par le Front polisario [qui] depuis plus de 50 ans résiste pour avoir, lui seul, son mot à dire sur son propre destin.»

Un plan «flou»

Le ministre des Affaires étrangères du Polisario, Mohamed Yeslem Beissat, a récemment assuré que le mouvement indépendantiste serait prêt à accepter ce plan, mais uniquement si la population sahraouie le validait par référendum. L’Algérie en revanche s’est toujours opposée à cette idée. Alger a regretté en avril la réaffirmation par Washington de son soutien à Rabat. Et ses relations avec Paris sont au plus bas depuis l’été 2024 et la reconnaissance par la France du plan marocain.

Après l’annonce spectaculaire en 2020 par Donald Trump du soutien américain à cette proposition en échange d’une normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc a obtenu successivement l’appui d’une série de pays dont l’Espagne, la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité début octobre, Staffan de Mistura, saluant les «efforts diplomatiques» américains sur ce conflit vieux de 50 ans, avait répété ses inquiétudes sur le «flou» du plan marocain. «Il est désormais crucial que le Maroc donne plus de détails et développe sa proposition», y compris concernant «le principe d’autodétermination» du peuple sahraoui, avait-il insisté.

La résolution adoptée vendredi prolonge d’autre part d’un an la mission de maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental (Minurso). Une précédente version du texte prévoyait seulement six mois d’extension mais la version votée prolonge finalement la mission pour un an, demandant toutefois au secrétaire général d’en réaliser d’ici six mois une «évaluation stratégique».