Le noir de la colline étincelle. Vu d’avion, le bourrelet de lave carbonisée fait penser à un plat abandonné au four. Splendide gâchis. Cela fait trois décennies que le soleil du Sahara, sans haine mais sans répit, cuit des Casques bleus au pied du sombre monticule. Une douzaine d’observateurs de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara-Occidental (Minurso) se terrent dans leur minuscule base d’Awsard, quadrilatère de conteneurs climatisés échoués dans l’immensité du désert.
Il n’y a ni ville ni même de véritable village à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde. Patiemment, le sable recouvre tout. Les habits, les lunettes, les cheveux, les canons des fusils. La seule portion de route asphaltée doit être régulièrement déblayée, sous peine de se retrouver engloutie. Tout comme le conflit du Sahara-Occidental, l’un des plus vieux de la planète, peu à peu enseveli, sombrant dans l’oubli.
Il oppose depuis 1976 – date du départ du colonisateur espagnol – le royaume du Maroc à la rébellion indépendantiste du Front Polisario. Rabat affirme alors que sa souveraineté s’étend historiquement sur ce territoire côtier. Mais un grand nombre de Sahraouis contestent cette tutelle et proclament la même année la naissance de leur propre Etat : la République arabe sahraouie démocratique (Rasd). L’Algérie, championne des luttes de libération nationale,