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Sénégal : la présidentielle devrait finalement être organisée le 24 mars

Le Conseil constitutionnel a mis fin à la crise politique et institutionnelle déclenchée par le report du vote en imposant une date pour le scrutin, avant le terme du mandat de Macky Sall. Avec les 19 candidats déjà retenus.
Des manifestants défilaient le 9 février à Dakar contre la décision du président Macky Sall de reporter l'élection présidentielle. (Stefan Kleinowitz/AP)
publié le 7 mars 2024 à 7h51
(mis à jour le 7 mars 2024 à 17h13)

Les Sénégalais vont pouvoir élire leur cinquième président d’ici à la fin du mois. Après des semaines d’une violente crise politique, le Conseil constitutionnel a finalement rassuré le pays, mercredi 6 mars dans la soirée, en fixant une date pour l’élection présidentielle. Le premier tour du scrutin aura lieu le 24 mars. Soit dix jours avant l’expiration du mandat du président Macky Sall le 2 avril, l’un des éléments primordiaux de la crise, un large front de l’opposition et de la société civile soupçonnant l’actuel chef de l’Etat sénégalais de chercher à s’accrocher au pouvoir. Le président sortant avait choqué le pays, l’un des plus stables d’une Afrique de l’Ouest secouée par les coups de force, en décrétant le 3 février le report de l’élection initialement prévue le 25 février.

Le Conseil avait été saisie par le chef de l’Etat pour répondre à cette question : «Quel est l’avis de votre haute juridiction sur la date du 2 juin 2024 [pour la tenue du scrutin] proposée par le dialogue national ?» Les juges ont clairement rejeté cette possibilité : «La fixation de la date du scrutin au-delà de la durée du mandat du président de la République en exercice est contraire à la Constitution», ont écrit les «Sages». La présidence sénégalaise s’est immédiatement pliée à leur décision en convoquant, le soir même, le corps électoral pour le 24 mars. Elle a également acté cette brusque évolution du calendrier en «libérant» le Premier ministre Amadou Ba, candidat désigné du pouvoir, pour mener sa campagne. Il est remplacé par le ministre de l’Intérieur Sidiki Kaba, a dit un porte-parole.

L’Assemblée vote l’amnistie

Le Conseil constitutionnel, qui avait de son côté proposé la date du 31 mars afin de «pallier l’inertie de l’administration», s’est aligné, jeudi après-midi, sur l’échéance du 24 mars, «conforme à [son] exigence» d’un scrutin organisé avant le 2 avril. L’autre motif de crispation concernait la liste des candidats. Là encore, le Conseil constitutionnel a tranché : la compétition mettra aux prises les 19 concurrents déjà retenus. Les sept «Sages» ont rejeté le réexamen de cette liste préconisé par le dialogue national. Sur cette liste figurent notamment Bassirou Diomaye Faye - bras droit de l’opposant radical Ousmane Sonko, empêché de se présenter - en prison depuis avril 2023. Pour les deux hommes, se pose par ailleurs la question d’une possible amnistie, approuvée le même jour par l’Assemblée nationale.

Le projet de loi d’amnistie «a pour seul objectif la réconciliation […] Le président Macky Sall ne cache aucune mauvaise intention», assurait, lors du débat parlementaire, Farba Ngom, député du camp présidentiel. Mais de nombreux acteurs politiques et sociaux se sont dressés contre le texte, s’indignant qu’aucun membre des forces de sécurité, ni aucun responsable gouvernemental n’aurait à rendre de comptes. «Cette loi est un permis pour continuer à assassiner les Sénégalais. Loi d’amnistie, loi d’amnésie : pas en mon nom. Justice pour les assassinés et les torturés», s’est exclamé le député Guy Marius Sagna. Après avoir débattu toute la journée et observé une pause visiblement prolongée par la tournure inattendue des évènements, les députés ont approuvé par 94 voix pour et 49 contre ce texte décrié. Il pourrait permettre à Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye de sortir de prison. A temps pour mener une campagne éclair ?

Article mis à jour le 7 mars à 17 heures, avec la décision du Conseil constitutionnel de s’aligner sur la date du 24 mars pour la tenue de l’élection présidentielle.