A longueur de journée, des bus fantômes traversent Dakar en silence. Electriques, dotés de couloirs réservés, sécurisés, mais sans passager. Le nouveau réseau de Bus Rapid Transit (BRT) de la capitale sénégalaise, inauguré en janvier par le président Macky Sall, tourne à vide. «Nous sommes en phase de test, assure un employé en gilet orange à l’arrêt Grand Dakar, qui surveille un tourniquet qu’aucun usager ne franchit. En vérité, on aurait dû commencer l’exploitation il y a deux mois, mais pour des raisons de sécurité, ça n’est pas possible. On attend la fin de la séquence électorale.»
A chaque épisode de manifestation – ils ont été nombreux ces dernières années –, les beaux véhicules électriques rouge jaune et vert et les gares du réseau ont été caillassés. Le projet de transport est l’un des symboles de la présidence de Macky Sall. Forcément honni par les détracteurs du chef de l’Etat sortant. Il répond pourtant à un besoin réel : Dakar est une mégalopole congestionnée, où la circulation automobile est un enfer aux heures de pointe. L’idée d’une ligne de bus en site propre, non polluante, rapide (la fréquence de passage serait de six minutes), bon marché, est incontestablement vertueuse. Pourtant, le BRT et le Train express régional, les deux programmes