Menu
Libération
Ousmane Sonko

Sénégal : le principal opposant au pouvoir se dit «séquestré» et appelle à manifester «massivement»

L’opposant Ousmane Sonko est sorti de son silence, près de 48 heures après avoir été interpellé et ramené de force à Dakar. Il appelle ses partisans à «sortir massivement» dans la rue pour plaider sa cause.

Un manifestant partisan d'Ousmane Sonko à Dakar, le 29 mai. (Leo Correa/AP)
Publié le 30/05/2023 à 14h18

Après avoir été arrêté et emmené de force à Dakar lors de sa «caravane pour la liberté» dimanche 28 mai, l’un des principaux opposants au pouvoir sénégalais, Ousmane Sonko, est sorti de son silence dans la nuit du lundi 29 au mardi 30 mai, assurant être «séquestré» par les forces de sécurité. «Au nom de quoi, dans un pays qui se dit démocratique, on peut séquestrer un citoyen qui n’a de tort que d’être un opposant ferme et farouche au régime [du président] Macky Sall, sans aucun sous-bassement judiciaire ?» s’est interrogé sur les réseaux sociaux l’opposant, engagé depuis deux ans dans un bras de fer avec le pouvoir.

Appelant «tous les Sénégalais à sortir massivement» dans les rues du pays en réaction, il a demandé à ce «que tout le monde se lève comme un seul homme parce que force doit rester au peuple», parlant de la nécessité d’un «sursaut national» et d’un «mouvement de résistance national» au nom de la défense de la démocratie et des libertés.

L’opposant controversé

L’opposant espérait faire une démonstration de force en lançant la semaine dernière sa «caravane pour la liberté» depuis son fief de Ziguinchor, dans le sud du pays. Un événement qui a drainé des foules de jeunes supporteurs enthousiastes. Son arrestation a provoqué des heurts dans plusieurs quartiers de Dakar entre ces jeunes supporteurs soutiens et les forces de l’ordre. Aucun bilan humain n’a été encore communiqué. Le ministre de l’Intérieur, Antoine Doime a fait valoir que l’opposant aurait dû faire une demande d’autorisation préalable avant d’organiser cette démonstration, alors qu’il était retranché à Ziguinchor depuis plusieurs jours, cerné par les convocations judicaires.

Car Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et candidat déclaré à la présidentielle de 2024, est menacé d’inéligibilité à cause de deux affaires judiciaires. Pour l’une d’elle, dans laquelle il est accusé de viols, le tribunal doit rendre son verdict jeudi dans une ambiance qui s’annonce électrique. L’édile de Ziguinchor a toujours protesté de son innocence et crié au complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle.

La mobilisation de ses partisans a régulièrement donné lieu à des incidents et des troubles. En 2021, Ousmane Sonko avait déjà été arrêté à Dakar alors qu’il se rendait, suivi par un cortège de militants, à la convocation d’un juge pour cette même affaire de viols. Son interpellation avait déclenché plusieurs jours d’émeutes qui avaient fait une douzaine de morts.