En face de la cathédrale, le cimetière semble abandonné. A perte de vue, des tombes brisées, recouvertes de détritus au milieu des herbes folles. La moiteur et la grisaille de Douala, la capitale économique du Cameroun, renforce encore la désolation de ce champ de ruines en plein centre-ville, quand deux silhouettes surgissent d’un caveau à moitié effondré et s’approchent silencieusement.
Jozué, 32 ans, et Dieudonné, 29 ans, vivent ici au milieu des morts. Avec une dizaine d’autres ex-enfants de la rue qui n’ont plus l’âge d’être hébergés dans des foyers pour orphelins. «Nous n’avons pas d’autre destin que l’errance», soupire Jozué. Ont-ils l’intention d’aller voter dimanche pour l’élection présidentielle ? Dieudonné, surpris, éclate de