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Interview

«Si on supprime les traitements de millions de personnes atteintes du sida, on va avoir non seulement des décès, mais aussi une circulation accrue du virus»

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La chercheuse Marion Aballéa rappelle que les Etats-Unis jouent un «rôle de leader incontestable» dans la lutte mondiale contre le sida. Les coupes budgétaires de l’administration Trump remettent en question l’objectif de fin de la pandémie dans un avenir proche.
De l'aide humanitaire de l'USaid arrivée à l'hôpital de Lodwar, au Kenya, le 1er avril 2025. (Luis Tato /AFP)
publié le 11 avril 2025 à 20h46

Marion Aballéa, maîtresse de conférences à l’université de Strasbourg et spécialiste d’histoire contemporaine des relations internationales, a publié le 20 mars Une histoire mondiale du sida (1). Elle revient sur les conséquences des coupes américaines dans le budget de l’aide à la lutte contre le VIH : pour la première fois depuis 2004, le nombre annuel de victimes de sida pourrait augmenter en 2025, et la planète pourrait connaître une reprise épidémique.

Quel a été le rôle historique des Etats-Unis dans la lutte mondiale contre le sida ?

Au cours des vingt premières années de l’épidémie, la réponse est «autocentrée» pour les Américains, comme ailleurs. Dans les années 80 et 90, on traite le sida comme une crise de santé publique majeure, mais nationale, y compris pour les militants qui vont lutter pour que les malades américains soient pris en compte par les différentes administrations. Pour les Etats-Unis, le tournant de l’internationalisation est net : il survient en 2003, et il vient d’une administration républicaine. George W. Bush lance le Plan présidentiel d’aide d’urgence à la lutte contre le sida [Pepfar, selon l’acronyme en anglais], véritable plan Marshall qui multiplie soudainement par deux le financement mondial de la lutte contre le sida. Depu