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Libération
Reportage

Sommet de la Francophonie : en Tunisie, une langue de plus en plus étrangère

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L’île tunisienne de Djerba accueille les chefs d’Etat de l’Organisation internationale de la Francophonie ce week-end. Alors que la pratique du français ne cesse de décliner dans le pays, Paris y mène une stratégie offensive et veut notamment tripler le nombre d’élèves des écoles françaises.
Le Village de la francophonie à Djerba (Tunisie), qui accueille le sommet, a été conçu par la designeuse tunisienne Memia Taktak. (Nicolas Fauqué /Abaca)
publié le 18 novembre 2022 à 18h03

«Ich bin Tunesier. Mein Name ist… 24… Mein Name ist Youssef. Ich bin 34, äh, 24… L’allemand n’est pas facile», souffle l’informaticien tunisien. «Mais c’est indispensable. Je veux m’installer en Allemagne», ajoute-t-il. Chaque samedi, Youssef s’impose donc trois heures de cours de langue, dans le quartier des affaires du Lac 1 à Tunis. Son français, bien qu’hésitant, est meilleur, pourquoi donc privilégier Goethe à Molière ? «Parce qu’il y a plus d’opportunités de travail.»

Alors que s’ouvre ce samedi le XVIIIe Sommet de la Francophonie à Djerba, la France et sa langue sont paradoxalement sur la pente descendante en Tunisie. Le français reste très présent, comme en témoignent les panneaux de signalisation bilingues. A l’école, il s’agit d’une «langue étrangère à statut privilégié». Autrement dit, les élèves se voient dispenser deux mille heures de français au cours de leur scolarité : deux heures par semaine en CE1, huit heures jusqu’en sixième, cinq heures au collège, puis les matières scientifiques (maths, physique, SVT) sont enseignées en français au lycée.

Arabisation de l’enseignement

«Normalement, un bachelier doit avoir le niveau B2 [c’est-à-dire pouvoir mener «une conv