Hébétée, Khartoum pleure ses morts. C’est un autre jour de deuil pour la capitale soudanaise. Le climat est lourd, les émotions se bousculent. Selon le bilan provisoire d’un syndicat des médecins, au moins quinze personnes ont été tuées, mercredi, lors d’une manifestation, et des dizaines ont été blessées par balles. La journée la plus meurtrière depuis le putsch du 25 octobre.
La date était symbolique, elle aurait dû être célébrée. Ce jour-là, mercredi, le général Abdel Fattah al-Burhane devait céder à un civil la présidence du Conseil de souveraineté, l’organe qui dirige la transition. Trois semaines plus tôt, il s’était emparé du pouvoir.
A lire aussi
«Burhane est un ennemi de Dieu», chantaient mercredi dans les rues de la capitale soudanaise des soufis, en djellabas et turbans blancs, qui défiaient le nouvel homme fort du pays, au son d’une darbouka. Les slogans, contre les militaires et pour le retour d’un gouvernement civil, scandés en rythme, donnaient du courage. Des milliers de personnes étaient présentes, en groupes épars, dans les rues de Khartoum, déterminées à dénoncer la mainmise de la junte sur la jeune démocratie pour laquelle