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Conflit

Soudan du Sud : 300 000 personnes ont fui le pays en 2025

Les Nations Unies alertent ce lundi sur le nombre de déplacements de population liés à l’intensification du conflit dans le plus jeune pays du monde.

A la frontière tchadienne, à Adré, des centaines de réfugiés sont passés du Soudan du Sud au Tchad en janvier 2025. (Stefan Rousseau/WPA Poo. Getty Images)
Publié le 13/10/2025 à 17h16

Déplacées depuis le Soudan du Sud, 148 000 personnes sont arrivées au Soudan voisin, 50 000 en Ethiopie, 50 000 en Ouganda, 30 000 en république démocratique du Congo, et 25 000 au Kenya. Rien qu’en 2025, 300 000 personnes au total ont trouvé refuge dans les pays limitrophes alors que le pays est en proie au retour de la guerre civile, selon les chiffres de la commission des Nations unies pour les droits humains au Soudan du Sud rendus publics ce lundi.

L’ONU estime que les déplacements ont lieu «en grande partie à cause du conflit qui s’intensifie» entre les partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar, en particulier depuis le mois de mars. D’abord localisées dans le nord-est du pays, les violences ont ensuite gagné le sud, même si la plupart des territoires restent pour l’instant épargnés.

Très fort taux de pauvreté

Les combats s’intensifient en particulier depuis l’inculpation de Riek Machar par la justice sud-soudanaise pour «crimes contre l’humanité», le 11 septembre. Il a depuis été suspendu de ses fonctions par son ancien adversaire, le président Salva Kiir. Une décision qui renforce les tensions entre les soutiens de l’une et l’autre des têtes de l’exécutif, laissant planer le risque d’une nouvelle guerre civile sept ans après la signature d’un accord de paix assurant un partage équitable du pouvoir entre eux. Entre 2013 et 2017, le conflit sanglant entre les partisans de Riek Machar et ceux de Salva Kiir avait fait au moins 400 000 morts.

Le plus jeune pays du monde, devenu indépendant, connaît ainsi depuis des années une grande instabilité et un très fort taux de pauvreté malgré l’exploitation de pétrole dans ses sols. Le tout en grande partie à cause des problèmes de gouvernance des deux dirigeants sud-soudanais.

«Au bord d’un nouveau précipice»

Aujourd’hui, «les affrontements armés se produisent à une échelle jamais vue depuis la signature de l’accord de cessation des hostilités en 2017», déplore la commission des Nations Unies pour les droits humains au Soudan du Sud. Elle reproche aux dirigeants sud-soudanais d’avoir «délibérément retardé les progrès et […] conduit le Soudan du Sud au bord d’un nouveau précipice». Fin septembre, l’ONU avait recensé la mort de plus de 1 800 civils en l’espace de neuf mois depuis janvier, accusant l’armée sud-soudanaise d’avoir mené des frappes aériennes «indiscriminées» contre des zones peuplées dans plusieurs provinces du pays.

En plus des 300 000 ressortissants ayant fui le pays, quelque 2 millions de personnes sont aussi déplacées à l’intérieur du pays. Le Soudan du Sud a également accueilli 560 000 réfugiés fuyant la guerre au Soudan voisin.