Succès Masra se considère désormais comme un «sans domicile fixe». Depuis la répression meurtrière des manifestations antipouvoir organisées aux quatre coins du pays contre le maintien au pouvoir de Mahamat Déby, celui qui est devenu l’un des leaders d’opposition du Tchad vit caché. Les autorités ont annoncé la suspension de toute activité des partis hostiles à la junte, dont Les Transformateurs, qu’il a créé en avril 2018 pour protester contre un sixième mandat d’Idriss Déby.
Quatre ans plus tard, cet ancien économiste de 39 ans, formé en Europe, exige désormais la mise en œuvre d’une transition démocratique et pluraliste que le général Mahamat Déby, le fils du défunt président, refuse d’appliquer. Ecarté de la course à la présidentielle en avril 2021, il est déterminé à apporter une «espérance nouvelle» à la population tchadienne.
Vous avez appelé les Tchadiens à manifester le 20 octobre. Quelles étaient vos revendications ?
Les militaires qui ont pris le pouvoir en avril 2021 se sont engagés à remettre, au bout de dix-huit mois, le pouvoir aux civils et à organiser des élections auxquelles ils ne prendront pas part. Les organisations internationales, et la France en particulier, ont demandé aux Tchadiens de leur faire confiance. Or, dix-huit mois plus tar