Dans une baie de Watamu, village kényan au bord de l’océan Indien, l’eau transparente scintille sous le soleil chaud de mi-journée lorsque le Nadhif, une barque de pêche à moteur, revient de son périple. A son bord, quatre thons de 52 kg cumulés. Mauvaise pêche pour le capitaine Abu Saïd, la tête emmitouflée dans un foulard fuchsia, une casquette et des lunettes de soleil pour se protéger en mer. «C’est très dur, on a utilisé beaucoup de carburant et on n’a attrapé que quelques poissons», marmonne-t-il, le visage fermé. La récolte du jour, diminuée du prix du fuel et d’un repas sommaire, rapporte environ 1 200 shillings (8,30 euros) à chacun des trois membres d’équipage et au propriétaire du bateau.
Le lendemain, les quatre petits thons, le barracuda et le maquereau roi attrapés suffisent tout juste à rembourser l’essence. Le troisième jour, le propriétaire de l’embarcation préfère qu’elle reste amarrée sur la plage de sable blanc. «Avant, la pêche était bonne, l’argent aussi. Ces temps-ci le poisson est moins nombreux», dit d’une voix résignée Abu Saïd, père de six enfants. La surpêche pratiquée dans l’océan Indien par des chalutiers étrangers en eau profonde et par des pêcheurs côtiers de plus en plus nombreux, aggravée par l’utilisation de certaines techniques, fait fondre les stocks de poissons kényans. Et au fil des années, les marins de Watamu ont vu leurs prises diminuer, les poussant à s’aventurer toujours plus loin au large.
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