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Disparition

Tanzanie : l’ancien président Ali Hassan Mwinyi, à l’origine de la démocratie multipartite du pays, est mort

A la tête de la Tanzanie entre 1984 et 1994, Ali Hassan Mwinyi a libéralisé l’économie de son pays et instauré le multipartisme, permettant à des partis d’opposition de se présenter aux élections. Il est mort ce jeudi 29 février à 98 ans.
Portrait d'Ali Hassan Mwinyi, le 29 octobre 1985. (-/AFP)
publié le 29 février 2024 à 21h07

Les drapeaux tanzaniens seront en berne pendant sept jours. L’ancien président de la Tanzanie, Ali Hassan Mwinyi, est mort ce jeudi 29 février à l’âge de 98 ans, a annoncé l’actuelle présidente, Samia Suluhu Hassan. «Je suis triste d’annoncer ce décès», a-t-elle déclaré, ajoutant que l’ex-chef d’Etat suivait un traitement pour un cancer du poumon. Il avait été hospitalisé à Londres en novembre 2023 avant de revenir poursuivre ses soins à Dar es Salaam, capitale du pays. Perçu comme un dirigeant timide à son arrivée au pouvoir en 1984, Ali Hassan Mwinyi a réussi à redresser la Tanzanie en empruntant le chemin des réformes.

Cet ancien instituteur et dirigeant de l’archipel semi-autonome de Zanzibar avait été désigné par le héros de l’indépendance, Julius Nyerere, pour lui succéder à la présidence du pays. Ali Hassan Mwinyi hérite alors d’un pays en proie aux difficultés économiques, après 24 ans d’une politique socialiste qui n’a pas porté ses fruits. Les Tanzaniens peinent à gagner leur vie et les demandes de réforme se font plus pressantes. Ali Hassan Mwinyi rompt avec cette ligne politique et se lance dans la libéralisation de l’économie du pays.

Il ouvre notamment la Tanzanie aux importations et lève les restrictions sur la création d’entreprises privées. Dans ses mémoires publiées en 2020, il expliquait notamment que la politique socialiste de l’«ujamaa» avait privé de revenus les petits commerçants. «L’économie de la Tanzanie était confrontée à un certain nombre de problèmes qui ont été identifiés plus tard comme étant principalement causés par notre modèle économique, démontrant la nécessité de réformer ce modèle», se justifiait-il.

Scandales de corruption

En 1992, Ali Hassan Mwinyi instaura une démocratie multipartite en Tanzanie, permettant à des partis d’opposition de se présenter pour la première fois à l’élection présidentielle après sa démission, trois ans plus tard. Mais sa décennie à la tête du pays a été émaillée de controverses. Certains lui ont reproché d’avoir favorisé les musulmans pour les plus hauts postes gouvernementaux. Une accusation qu’il a toujours récusée, et qui l’a touchée, avait-il déclaré. Sa libéralisation de l’économie s’est aussi accompagnée de nombreux scandales de corruption, qui ont amené plusieurs bailleurs internationaux à suspendre leurs aides en 1994. Depuis son retrait de la scène politique en 1995, l’ancien dirigeant s’était fait plus discret.