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Tarifs douaniers américains : de l’UE à la Chine, des réactions indignées et des menaces de ripostes

Keir Starmerdossier
Depuis l’annonce de Donald Trump, mercredi 2 avril dans la soirée, de l’imposition de très lourds tarifs douaniers contre le monde entier, les réactions, inquiètes, fusent.
Le président américain Donald Trump présente le document sur les tarifs douaniers imposés dans le monde entier, mercredi 2 avril dans le Rose Garden de la Maison Blanche à Washington. (Carlos Barria/REUTERS)
publié le 3 avril 2025 à 0h26
(mis à jour le 3 avril 2025 à 11h14)

A peine assenés, les droits de douane extrêmement lourds imposés mercredi 2 avril dans le monde entier par le président Donald Trump, que les réactions, outrées, ont commencé à tomber. Les Australiens ont été parmi les premiers à réagir, alors qu’il était déjà l’aube chez eux. Ils écopent pourtant de tarifs relativement modestes, de 10 % «seulement».

Les droits de douane imposés par le président américain vont modifier la relation de l’Australie avec les Etats-Unis, a ainsi déclaré jeudi le Premier ministre australien Anthony Albanese. Ils «ne sont pas inattendus, mais soyons clairs : ils sont totalement injustifiés», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, ajoutant que «cela aura des conséquences sur la perception que les Australiens ont de cette relation». «Un ami n’agit pas de cette manière», a poursuivi le Premier ministre tout en excluant l’imposition de tarifs réciproques contre les Etats-Unis.

Du côté de l’Union européenne, imposée à 20 %, l’une des premières réactions est venue de l’Italie, dont la Première ministre, Giorgia Meloni, est assez proche de Donald Trump – elle était la seule leader européenne invitée à son investiture le 20 janvier dernier. Ces nouveaux droits de douane américains imposés aux importations en provenance de l’UE sont une «mauvaise mesure», a-t-elle estimé dans un communiqué, «qui ne convient à aucune des deux parties». «Nous ferons tout notre possible pour parvenir à un accord avec les Etats-Unis, afin d’éviter une guerre commerciale qui affaiblirait inévitablement l’Occident au profit d’autres acteurs mondiaux.»

La France menace les Gafam

En France, les réactions ont surtout commencé au petit matin. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a assuré sur RTL que l’Union européenne était «prête à la guerre commerciale». Une première riposte doit avoir lieu mi-avril, «qui va correspondre à la première attaque (de Donald Trump) sur l’aluminium et l’acier», explique-t-elle. Et une deuxième devrait être prête «à la fin du mois d’avril sur l’ensemble des produits et des services» – elle est actuellement «en cours de négociation entre les pays membres de l’Union européenne». Les Gafam pourraient en être les premières victimes.

«Des millions de citoyens devront faire face à des coûts plus élevés pour l’alimentation. Les médicaments coûteront plus cher, de même que les transports. L’inflation augmentera», a pour sa part dénoncé Ursula von der Leyen lors d’un déplacement en Ouzbékistan. La présidente de la Commission européenne a appelé à de nouvelles négociations pour «réduire les obstacles».

Le développement économique mondial «en péril»

Sorti de l’Union européenne depuis plus de cinq ans, le Royaume-Uni, qui ne se voit imposer «que» 10 % de tarifs douaniers, a indiqué souhaiter conclure un accord au plus vite avec les Etats-Unis pour «atténuer» l’impact des droits de douane. «Les Etats-Unis étant notre allié le plus proche, notre approche consiste à rester calme et à nous engager à conclure cet accord qui, nous l’espérons, atténuera l’impact de ce qui a été annoncé aujourd’hui», a déclaré mercredi soir le ministre britannique du Commerce, Jonathan Reynolds. Le Premier ministre Keir Starmer a de son côté réagi ce jeudi, s’inquiétant de «l’impact économique, tant au niveau national que mondial», de ces annonces. Sans pour autant se montrer alarmiste : «Je tiens à être très clair : nous sommes prêts car l’une des grandes forces de notre pays est notre capacité à garder la tête froide.»

Parmi les pays les plus touchés, la Chine a «exhorté les Etats-Unis à annuler immédiatement ces droits de douane unilatéraux» et à résoudre ces «différends» par le «biais d’un dialogue équitable». D’après le ministère du Commerce chinois, ils mettent «en péril le développement économique mondial» et menacent les chaînes d’approvisionnement internationales, impactant jusqu’aux intérêts américains. L’addition est astronomique pour le géant asiatique, visé par une nouvelle taxe à l’importation de 34 % s’ajoutant aux 20 % de droits de douane additionnels déjà mis en place par l’administration du président américain.

Mise à jour à 11 heures avec de nouvelles réactions.