Boko Haram, groupe terroriste qui s’est emparé de territoires entiers dans le nord-est du Nigeria, tuant et terrorisant la population, poursuit ses attaques. Le groupe a lancé dans la nuit de dimanche à lundi une nouvelle offensive contre l’armée tchadienne dans la région du lac Tchad, à la frontière nigériane. Cette attaque sur une base militaire située à Barkaram, une île située à l’ouest de Ngouboua «a tragiquement fait une quarantaine de morts parmi nos soldats», a annoncé la présidence tchadienne dans un communiqué publié lundi. Le président Mahamat Idriss Deby Itno s’est rendu sur place tôt dans la matinée et «a donné le coup d’envoi de l’opération Haskanite pour poursuivre et traquer les assaillants jusque dans leurs derniers retranchements», selon ce communiqué. Il ne précise pas quelles forces ont été mobilisées.
L’attaque surprise a également fait une vingtaine de blessés, selon des sources militaires. Parmi les morts, figure le commandant de l’unité, selon un officier supérieur tchadien qui a requis l’anonymat. «Les éléments de Boko Haram ont eu le temps de récupérer des munitions et du matériel avant de se retirer», ajoute la même source. «Nous avons beaucoup de pertes certes mais la situation est sous contrôle et nos forces sont sur place à la poursuite de l’ennemi», a déclaré le gouverneur de la région du Lac. Le président «tient alors à rassurer les populations de la zone ainsi que les forces de défense et de sécurité, de son engagement indéfectible à défendre et sécuriser l’ensemble du pays», conclut le communiqué de la présidence.
En outre, cette attaque et sa contre-offensive surviennent alors que le chef de l’Etat tchadien vient de restructurer les forces armées avec une série de limogeages et de nominations, en lien, selon certaines sources, avec l’opposition de certains officiers avec sa position sur le Soudan. Le pouvoir tchadien a été accusé de faciliter les livraisons d’armes des Emirats arabes unis aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) qui combat l’armée régulière soudanaise depuis avril 2023.
Attaques fréquentes
Les soldats tchadiens sont fréquemment ciblés par les attaques terroristes de Boko Haram dans la région du Lac Tchad, vaste étendue d’eau et de marécage parsemée d’îlots dans l’Ouest qui abrite des combattants de Boko Haram ou de sa branche dissidente, l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest. L’insurrection de Boko Haram est d’abord apparue en 2009 au Nigeria – où elle a fait depuis quelque 40 000 morts et plus de deux millions de déplacés – avant de se propager dans les pays voisins.
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En mars 2020, les combattants jihadistes avaient notamment mené une offensive sanglante sur une importante base tchadienne sur la presqu’île de Bohoma, faisant une centaine de morts, les plus lourdes pertes jamais enregistrées par l’armée tchadienne. En réponse, le pouvoir avait déclenché «la colère de Bohoma», une vaste opération contre les jihadistes, à l’époque menée par le maréchal Idriss Deby Itno, le père de l’actuel président. Ainsi, en juin 2024, l’Office international pour les migrations (OIM) enregistrait plus de 220 000 déplacés dans la province tchadienne du lac Tchad en raison des attaques des groupes armés.