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Témoignages

Tensions entre Paris et Alger : vu d’Algérie, «la crise est politique et elle passera, parce qu’il y a trop de choses entre nous»

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De l’affaire Boualem Sansal aux obsessions de Bruno Retailleau, les habitants de Mostaganem et Oran observent de loin la crise diplomatique, partagés entre la circonspection et une certaine amertume.
Sur un marché d’Oran, en septembre 2022. (APP/AFP)
publié le 11 juin 2025 à 15h00

En fin de matinée, dans un café de Mazagran, Sidi empile les cuillères de sucre dans son kawa serré. Le diabète fait des ravages en Algérie. Le retraité qui a fait carrière dans la banque a une dégaine de marin. Un bonnet vissé sur la tête et une marinière sur les épaules. La discussion zigzague : le soleil qui frappe derrière la nuque, les travaux dans le centre-ville, le prix de la sardine, la valeur du dinar et la politique locale. Les mots franchissent comme toujours l’autre côté de la Méditerranée. Sidi, 73 ans, pose une question après avoir grillé sa troisième Gauloise. «Je ne connaissais pas votre ministre, Bruno Retailleau. Nous n’avions jamais entendu parler de lui et maintenant il est partout. Il parle tous les jours de nous. Qu’est-ce que les Algériens lui ont fait ? Je te jure qu’il me rappelle Jean-Marie Le Pen.»

Mazagran est une petite commune de l’Ouest collée à la grande ville du coin, Mostaganem. Nichée en hauteur, elle domine la mer qui paraît interminable. C’est mignon mais le béton qui pousse de partout abîme le paysage. Les promote