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TotalEnergies en Ouganda : «Le gouvernement est prêt à tout pour l’argent du pétrole»

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Procès expéditifs, expropriations forcées, intimidations policières, arrestations arbitraires… Les opposants à deux mégaprojets de forage et de transport d’or noir dénoncent l’instrumentalisation de la justice au profit de la major pétrolière.
Sur le chantier du projet Tilenga, qui prévoit de forer 132 puits de pétrole dans le parc national de Murchison Falls, le 22 février. (Badru Katumba/AFP)
publié le 17 janvier 2024 à 17h22

«Pour nous, l’industrie d’extraction du pétrole est une malédiction», souffle Mugisa Jealousy Mulimba, habitant du petit village agricole de Kasenyi, situé dans le district de Buliisa, dans l’est du pays. Père de sept enfants, l’homme vit un cauchemar depuis l’arrivée de TotalEnergies en Ouganda. «En 2017, Total a acheté à l’Etat une terre sur laquelle étaient situés ma maison et mon terrain de 5,5 hectares, explique le fermier de 52 ans, joint au téléphone par Libération. Comme je voulais garder mes terres, j’ai refusé les 12,5 millions de shillings [3 000 euros, ndlr] d’indemnisation proposée par Total, qui m’a alors attaqué en justice. J’ai été jugé en 2021 et j’ai tout perdu… Mon terrain et mon argent.»

Buliisa est un district proche du lac Albert et de la frontière avec la république démocratique du Congo (RDC). Cet espace naturel très préservé, au bord duquel se situe le parc national de Murchison Falls – la plus grande réserve naturelle du pays – suscite la convoitise depuis que d’importantes réserves de pétrole souterraines y ont été découvertes en 2006. Motivé par cette nouvelle manne, l’Et