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Reportage

Tunisie : à Agareb, «ces élections législatives, c’est comme donner un bonbon à un mourant»

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Dans la petite ville tunisienne connue pour son combat contre une décharge toxique, le scrutin législatif de samedi, boycotté par les partis politiques, est regardé avec méfiance par les habitants.
L’activiste Thameur ben Khaled devant la décharge à ciel ouvert près d’Agareb, le 5 décembre. (Augustin Le Gall/Libération)
publié le 16 décembre 2022 à 17h52

Numérotées en noir sur les murs, les cases réservées aux affiches et professions de foi des cinq candidats demeurent quasiment vides en ce début décembre. Les élections législatives se tiendront pourtant dans quelques jours. De toute façon, les habitants d’Agareb, à 280 kilomètres au sud de Tunis, passent devant les rares proclamations électorales sans y prêter attention. Lou Saïf aurait pourtant le temps de s’y attarder. Le sexagénaire, faux gilet Lacoste sur les épaules, patiente dans la queue de la boulangerie : «J’irai voter parce que je considère que c’est obligatoire. Mais ça ne sert à rien. Les députés n’auront aucun pouvoir. Le seul chauffeur, c’est Kaïs Saïed [le président de la République, ndlr]. Mais il n’a pas le permis pour diriger un camion comme la Tunisie.»

Les clients ne discutent pas des programmes électoraux, mais de comment se fournir en pain. Une grève des boulangers est prévue le lendemain pour dénoncer la hausse du prix de la farine subventionnée par l’Etat. Avec le spectre de la fin des prix plafonnés pour les produits de première nécessité (pain, farine, huile, essence, etc.), une inflation à