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Interview

Tunisie : «Kaïs Saïed a réussi à agréger tous les mécontentements pour renverser la démocratie»

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Pour le chercheur Hamza Meddeb, Kaïs Saïed a échoué à résoudre la crise socio-économique et a isolé son pays sur la scène internationale 
Kaïs Saïed à Tunis, le 22 avril. (Yassine Mahjoub /Sipa)
publié le 17 mai 2024 à 20h08

Pays berceau des «printemps arabes» en 2011, la Tunisie s’enfonce chaque jour un peu plus dans l’autoritarisme. Depuis son élection en 2019, le président Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs, a disloqué toutes les institutions et transformé son pays en véritable Etat policier. Xénophobe et complotiste décomplexé, l’ancien juriste sans affiliation politique a instauré un climat de peur, réprimant aussi bien avocats que militants antiracistes, sous la complicité de l’Union européenne, explique Hamza Meddeb, chercheur au sein de l’institut Carnegie Middle East Center et spécialiste de la Tunisie.

Treize ans après les espoirs suscités par la révolution et la chute du dictateur Ben Ali, la Tunisie glisse de nouveau dans l’autoritarisme. Comment expliquer un tel retour en arrière ?

Pour comprendre la montée des populismes en Tunisie, il faut revenir aux raisons qui ont conduit à l’effondrement de la démocratie. On a tendance à se focaliser sur le coup d’Etat de Kaïs Saïed du 25 juillet 2021, à son accaparement du pouvoir. Or le ver était déjà dans le fruit en 2019 lorsqu’il a été