«L’énigme» Kaïs Saïed. Ainsi était surnommé le président tunisien lors de son élection à la magistrature suprême, en octobre 2019, avec près de 73 % des voix. Le juriste constitutionnaliste à l’allure austère et à la diction mécanique accédait alors au pouvoir dans un climat de ferveur populaire. Le nouveau chef de l’Etat, qui venait de faire campagne en faisant du porte-à-porte, sans financement public, jurait de s’attaquer aux racines du mal tunisien, de mettre un terme à la corruption systémique et d’en finir avec les élites politiques ou les «diktats» étrangers.
Cinq ans plus tard, l’heure est pourtant à la désillusion. Berceau des printemps arabes, la Tunisie a glissé vers l’autoritarisme. A 66 ans, Kaïs Saïed a transformé son pays en une république autocratique et populiste, s’arrogeant les pleins pouvoirs et disloquant, une à une, l’ensemble des institutions du pays. Depuis son coup de force en juillet 2021, lors duquel il limogeait le gouvernement et suspendait le Parlement, Kaïs Saïed détricote tous les acquis de la révolution : ingérence dans la justice, arrestations arbitraires, répression féroce, etc.
Sans surprise, le chef de l’Etat sortant a déposé officiellement, lundi 5 août, sa candidature au scrutin présidentiel du 6 octobre. Devant des journalistes à Tunis, il a justifié sa d