«Atteinte à la sûreté de l’Etat à l’étranger.» C’est ce motif qui a justifié une enquête judiciaire visant Moncef Marzouki, à la demande du président Kaïs Saïed. Celui qui fut le premier président après la révolution a eu le tort d’exprimer de vives critiques à l’égard de son successeur, le qualifiant notamment de «dictateur» sur les réseaux sociaux et dans les médias. Le tribunal de première instance de Tunis a tranché en quelques semaines : critiquer Kaïs Saïed vaut bien quatre ans de prison.
«Ce jugement démontre une inflexion autoritaire à des fins de répression. Le président avait déjà tendance à vouloir contrôler l’appareil judiciaire, mais il est désormais instrumentalisé dans une dimension très personnelle, pour punir l’un de ses principaux opposants», analyse Vincent Geisser, chargé de recherches au CNRS et spécialiste de la Tunisie.
Pour cause : l’objet des critiques de Moncef Marzouki est paradoxalement celui qui a permis sa poursuite judiciaire. A savoir, la prise des pleins pouvoirs par Kaïs Saïed le 25 juillet, qui lui a conféré le contrôle de l’appareil judiciaire. Cet été, dans un contexte de crise politique et