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Trésor

Bracelet égyptien vieux de 3 000 ans volé et fondu : quatre personnes arrêtées

Conservé dans le laboratoire de restauration d’un musée d’antiquités, le bijou en or et pierres précieuses a été déclaré manquant par le ministère du Tourisme égyptien. Les suspects encourent jusqu’à sept ans de prison.

Bracelet en or orné de perles sphériques en lapis-lazuli datant du règne d'Aménémopé (1070-945 avant J. -C.), au musée égyptien du Caire. (Ministère égyptien du tourisme et des antiquités)
Publié le 17/09/2025 à 16h37, mis à jour le 19/09/2025 à 18h02

La nuit au musée est parfois agitée. Au Musée égyptien du Caire, c’est un bracelet précieux vieux de plus de 3 000 ans qui a mystérieusement disparu du laboratoire de restauration, où il était pourtant conservé dans un coffre sécurisé, a annoncé mardi 16 septembre le ministère égyptien du Tourisme dans un communiqué. Quatre suspects ont été arrêtés jeudi 18 septembre, parmi lesquels une restauratrice de l’établissement culturel.

Daté du règne du pharaon Aménémopé, de la XXIe dynastie (1070-945 avant notre ère), le bijou en or orné de perles sphériques en lapis-lazuli fait partie des quelque 170 000 objets archéologiques précieux de la collection du musée. Il se trouvait dans le caveau du roi Psousennès Ier, où Aménémopé avait été inhumé après le pillage de sa première tombe. «Pas le plus beau, mais c’est scientifiquement l’un des plus intéressants», confie à l’AFP l’égyptologue Jean Guillaume Olette-Pelletier, qui explique que pour les Egyptiens antiques, l’or représentait la «chair des dieux», soulignant la nature divine du porteur, tandis que le lapis-lazuli, pierre semi-précieuse, évoquait les cheveux ou poils des divins.

Trafic courant

Dès lors que la disparition a été constatée, à l’occasion d’un inventaire, une enquête interne a été ouverte. Les investigations ont montré que le bracelet avait été volé au musée, vendu à différents intermédiaires et «fondu parmi d’autres bijoux», selon un communiqué du ministère de l’Intérieur. Des images de télésurveillance diffusées par les autorités montrent un bracelet échangé dans une échoppe contre une liasse de billets, puis cisaillé en deux par l’acheteur.

Toujours selon le ministère de l’Intérieur, l’experte en restauration «a réussi à voler le bracelet pendant qu’elle travaillait au musée», puis a contacté un bijoutier qui l’a vendu au patron d’un atelier d’orfèvrerie pour 180 000 livres égyptiennes (environ 3 100 euros). Ce dernier l’a lui-même revendu à un fondeur d’or pour 194 000 livres égyptiennes (environ 3 400 euros). Les quatre suspects sont passés aux aveux après leur arrestation, et leur butin a été saisi par les autorités.

La loi égyptienne prévoit jusqu’à sept ans de prison et deux millions de livres d’amende (environ 35 000 euros) pour la destruction d’antiquités. Pas assez pour décourager : en août, un ancien médecin égyptien, Ashraf Omar Eldarir, a été condamné à six mois de prison aux Etats‑Unis pour avoir introduit frauduleusement des centaines d’artefacts égyptiens sur le territoire américain, selon le journal The Art Newspaper. Le quinquagénaire avait été arrêté à son arrivée à l’aéroport de New York avec des valises contenant plus de 600 objets, pour une valeur d’environ 70 000 euros.

Ce vol au musée égyptien de la place Tahrir, un des plus anciens et des plus visités du pays, intervient près d’un mois avant l’inauguration du nouveau Grand Musée égyptien, le 1er novembre prochain. Une partie de la collection y sera transférée, notamment les artefacts retrouvés dans la sépulture de Toutânkhamon. Les légendes sur la malédiction qui entourent le tombeau du défunt souverain, quoique démenties, dissuaderont peut-être les potentiels voleurs de s’en prendre à son trésor.

Mise à jour à 18 heures avec l’interpellation de quatre suspects.