Les départs se multiplient, et les drames aussi. Mardi, un septième naufrage au large de la Tunisie a fait vingt-quatre morts, après la découverte de quatorze nouveaux corps de migrants, dont six femmes, originaires d’Afrique subsaharienne jeudi 13 avril. Les gardes-côtes avaient déjà annoncé mercredi avoir récupéré dix corps en mer Méditerranée au large de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Le «capitaine» tunisien du bateau sinistré est lui aussi décédé, a déclaré le porte-parole de la Grade nationale tunisienne dans un communiqué. Ils cherchaient à gagner clandestinement l’Europe.
En parallèle, le porte-parole a déclaré que 41 migrants tunisiens, dont cinq femmes et neuf enfants, ont été «secourus» près de Sousse, dans l’est du pays. Des dizaines de migrants sont morts ces dernières semaines après les naufrages de bateaux de fortune les transportant clandestinement vers l’Europe. La Tunisie, dont certaines portions de littoral se trouvent à moins de 150 km de l’île italienne de Lampedusa, enregistre très régulièrement des tentatives de départ.
Pour aller plus loin
Le violent discours le 21 février du président tunisien Kais Saied pourfendant l’immigration subsaharienne a été le déclencheur de ces sinistres voyages. Saied a notamment affirmé que la présence en Tunisie de «hordes» d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de «violence et de crimes» et relevait d’une «entreprise criminelle» visant à «changer la composition démographique» du pays. Après son annonce véhémente, une partie importante des 21 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne recensés officiellement en Tunisie, pour la plupart en situation irrégulière, ont perdu du jour au lendemain leur travail, généralement informel, et leur logement.
La plupart d’entre eux arrivent en Tunisie pour tenter ensuite d’immigrer clandestinement par la mer vers l’Europe. Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 14 000 migrants sont arrivés en Italie depuis le début de l’année. Le 7 avril, la garde nationale a annoncé de son côté avoir secouru ou intercepté «14 406 personnes dont 13 138 originaires d’Afrique subsaharienne», sur les trois premiers mois de l’année, soit plus de cinq fois le nombre recensé pour la même période en 2022.