Hannah (1), 45 ans, mère de six enfants, semble «avoir perdu l’usage de la parole», après avoir été violée par six soldats, qui avaient forcé la porte de sa maison, il y a plus d’un mois. Samri, 25 ans, a été sauvagement battue par les quatre militaires qui l’ont violée et «reste désormais prostrée sur une chaise, sans aucune énergie». Et puis il a aussi cette jeune fille de 17 ans, qui aurait été violée par un soldat venu fouiller la maison parentale. Arrivée à l’hôpital, blessée et ensanglantée, elle ne cesse depuis de pleurer, en criant : «Qu’est-ce qu’il nous arrive ? Que se passe-t-il dans ce pays ?» A l’hôpital Aydar, le plus grand de Mekele, capitale du Tigré, province septentrionale de l’Ethiopie confrontée à une guerre à huis clos depuis novembre 2020, les soignants sont également inquiets pour une mère de deux enfants. Arrêtée en pleine rue en janvier, puis emmenée dans un camp, où elle sera violée «sans répit» pendant deux semaines par une quinzaine de militaires. «Elle a totalement perdu le contrôle de sa conscience et son état mental est très préoccupant», note la fiche qui la concerne.
Libération a pu obtenir la retranscription d’une dizaine de rapports, établis depuis janvier par le One Stop Center, un centre dédié aux femmes victimes de violences ouvert en 2018 au sein