Une distribution d’aide à Gaza a encore une fois tourné au drame jeudi soir faisant une vingtaine de morts, parmi les civils venus chercher de l’aide. Si la situation reste à éclaircir, l’armée israélienne a nié vendredi 15 mars avoir attaqué la foule et rejeté les affirmations du Hamas faisant état de «tirs israéliens». Un précédent carnage lors d’une autre distribution le 29 février avait provoqué la mort de 120 personnes pendant une distribution de farine. Une faille dans la communication entre pourvoyeurs d’aide et l’armée israélienne serait à l’origine de cette nouvelle tuerie, selon Shaina Low de l’ONG norvégienne Norwegian Refugee Council (NRC). La responsable basée à Jérusalem explique pourquoi le système en vigueur pour la fourniture d’une aide humanitaire peine à atteindre les bénéficiaires, notamment dans le nord de la bande de Gaza.
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Comment se fait la coordination entre les organisations fournissant de l’aide humanitaire à Gaza et l’armée israélienne ?
Les informations sur toute livraison d’aide sont présentées en détail avec mention des organisations humanitaires fournissant l’aide, des véhicules et matériel concernés, de la nature et des quantités de produits livrés ainsi que les points d’entrée, de livraison et de distribution prévus. Le contact est établi avec la branche de l’armée israélienne chargée de la coordination de l’aide qui doit confirmer la possibilité de procéder à la livraison. L’autorisation peut être donnée parfois immédiatement, mais d’autres fois, ça pouvait prendre des heures. Depuis le début de l’année et jusqu’au 15 février, des demandes de coordination ont été présentées pour 77 convois d’aide alimentaire à destination du nord de Gaza. Mais 12 seulement ont pu effectivement entrer et être distribué. Les autres ont été refusés ou entravés aux postes de sécurité israéliens pour différentes raisons de sécurité invoquées ou par absence de réponse.
Estimez-vous que le nouveau drame qui a tué les demandeurs d’aide à Gaza est le résultat d’une faille dans la communication entre les organisations qui fournissent l’aide et l’armée israélienne ?
Le système de «déconfliction», prévu pour éviter les attaques contre les convois d’aide, fonctionne bien la plupart du temps, mais on a vu des échecs graves. Fin février, un convoi de l’UNRWA a été frappé par un tir de la marine israélienne et des travailleurs humanitaires ont été ciblés. Il n’y a pas assez de précautions prises pour garantir la sécurité de ces personnels comme des civils qui viennent récupérer de l’aide, comme on a pu le voir dans des drames récents.
Qui contrôle la distribution de l’aide humanitaire qui arrive sur le terrain à Gaza ?
Cela dépend surtout des agences qui fournissent l’aide à Gaza. Certaines ont leur propre système avec des équipes sur place ou des partenaires locaux qui assurent la distribution. Parfois c’est une coordination entre plusieurs agences, selon la nature de l’aide apportée ou les points de livraison où les besoins sont identifiés. Mais en général ce sont les agences de l’ONU et les grandes ONG humanitaires qui distribuent l’aide.
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L’armée israélienne se défend d’avoir tiré jeudi sur les gens venus chercher l’aide et accuse des tireurs palestiniens, cela vous paraît-il crédible ?
Il est difficile pour nous, à Jérusalem, de déterminer les responsabilités dans l’incident dramatique qui s’est produit jeudi 14 mars. Nous avons des équipes qui travaillent au nord de Gaza, mais il est vraiment difficile de savoir ce qu’il s’est passé. C’est pourquoi nous avons réclamé une enquête indépendante pour établir exactement les faits. Tout ce que je peux dire c’est que les affirmations des différentes parties sur le terrain à propos des responsabilités ne peuvent être vérifiées pour le moment.
Quelle aide fournit votre organisation à Gaza et dans quelles conditions ?
Le NRC fournit essentiellement de l’aide non alimentaire à Gaza. Cela comprend des tentes pour les déplacés et la literie pour les garnir, mais aussi des kits d’hygiène ou des objets utiles comme les jerricans pour remplir de l’eau. Cette aide entre par le sud au passage de Rafah et elle est distribuée aux déplacés internes, très nombreux dans la région, notamment dans les écoles transformées en abris qui ne dépendent pas de l’UNRWA. Nous avons également fourni ce type d’aide dans la zone côtière de Mawassi, où se concentrent un grand nombre de déplacés.