2 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 000 de roubles, soit 2 sextillions, ou encore 20 milliards de millions de milliards pour tenter de faire plus simple. La justice russe n’a pas eu froid aux yeux au moment d’ordonner mardi 29 octobre à l’entreprise américaine Google de payer cette somme astronomique, rapporte l’agence de presse d’Etat russe Tass. Même en prenant en compte le fait qu’1 euro équivaut à environ 105 roubles, il n’y a pas assez d’argent sur Terre pour payer. Pour rappel, la capitalisation boursière d’Alphabet, société mère de Google est de «seulement» 2 000 milliards de dollars et le PIB mondial est estimé à un bien timide 110 000 milliards de dollars par le Fonds monétaire international (FMI).
Le parquet de Moscou reproche au géant de la tech de ne pas avoir rétabli à l’été 2024 les chaînes YouTube de 17 médias russes. L’affaire avait débuté en 2020, quand deux chaînes de télévision, RIA FAN et Tsargrad, avaient été bloquées par le site d’hébergement de vidéos pour se conformer aux sanctions américaines à l’encontre de la Russie. Puis après l’invasion de l’Ukraine en 2022, YouTube avait bloqué une quinzaine de chaînes russes supplémentaires, dont RT et Sputnik. Le pouvoir russe, qui ne cesse de crier à la «russophobie», a de son côté considérablement renforcé son contrôle sur son Internet depuis le début de l’offensive contre Kyiv, à l’instar de Facebook et Instagram qui sont inaccessibles sans VPN.
Une amende qui continue d’enfler
Un expert de l’Institut d’éducation HSE cité par l’agence de presse russe, Roman Yankovsky, assure évidemment que Google «ne paiera clairement pas cette pénalité, et la Fédération de Russie ne sera pas en mesure de récupérer cet argent auprès de l’entreprise». Il s’agit surtout d’une sanction politique contre le propriétaire de YouTube. Pourtant l’amende continue d’augmenter de manière exponentielle car le jugement prévoit que la pénalité double quotidiennement tant qu’elle n’a pas été payée par Google. S’acquitter de la somme est néanmoins le seul moyen pour l’entreprise américaine de pouvoir accéder à nouveau au marché russe. Peu d’espoir, donc, de voir retourner le géant de la Silicon Valley dans ce pays, sauf si les deux parties arrivent à trouver un accord à l’amiable.
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Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a avoué qu’il ne «peut même pas bien prononcer ce nombre» mais que c’était surtout un «symbole» contre les restrictions de Google vis-à-vis des chaînes russes. «Google ne doit pas restreindre les activités de nos médias, mais Google le fait. Cela doit pousser leurs dirigeants à faire attention et à corriger la situation», a poursuivi le porte-parole. En juillet, la Russie avait demandé à Google de débloquer au total plus de 200 chaînes russes sur YouTube, suspendues pour «propagande» du Kremlin.
CNN note que dans le dernier rapport trimestriel de l’entreprise, elle faisait référence à des «questions juridiques en cours» en Russie, mais qu’elles ne devraient «pas avoir d’effet négatif important [sur les bénéfices].» Plusieurs mois après l’invasion de l’Ukraine, la filière russe de Google avait déposé le bilan et arrêté toutes ses activités dans ce pays.