Le 4 juillet 2020, quatre mois avant la présidentielle, Donald Trump sentait peut-être tourner le vent de l’histoire. Cette peur expliquerait la débauche d’égotisme qui l’a conduit à s’approprier la fête de l’indépendance américaine pour les besoins de sa campagne, et à prononcer son allocution au pied du mont Rushmore, toisé par les immenses effigies de ses prédécesseurs Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln, taillées dans la roche du Dakota du Sud. Tandis qu’une escadrille de F-16 survolait la scène pour la frime, le président du délire avait choisi cet instant d’union patriotique pour éructer de haine contre le «fascisme de gauche», fustiger la «cancel culture», Black Lives Matter et «l’endoctrinement de la jeunesse» dans les écoles publiques décadentes.
Deux ans plus tard, jour pour jour, le spectre d’une présidence de la division et du chaos réactionnaire plane encore sur les flonflons et les barbecues. Alors que Donald Trump, selon des rumeurs persistantes, pourrait annoncer ce lundi sa candidature pour la présidentielle de 2024, une nation déchirée, presque revenue aux lignes frontières de la guerre de Sécession, s’entend au moins pour se désoler de l’état du pays. Près de 60% des Américains,