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Libération
Independence Day

4 Juillet, jour de défaite nationale pour la démocratie américaine

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Après l’abolition du droit constitutionnel à l’IVG et le torpillage des pouvoirs de l’Agence de protection de l’environnement, les institutions fédérales ne semblent plus être les garantes des valeurs démocratiques. Une tendance que renforcerait la candidature de Trump à la présidentielle de 2024, qu’il devrait annoncer bientôt.
Lors d’une cérémonie de naturalisation à New York, le 1er juillet. (Jeenah Moon/AFP)
par Philippe Coste, correspondance à New York
publié le 3 juillet 2022 à 20h10

Le 4 juillet 2020, quatre mois avant la présidentielle, Donald Trump sentait peut-être tourner le vent de l’histoire. Cette peur expliquerait la débauche d’égotisme qui l’a conduit à s’approprier la fête de l’indépendance américaine pour les besoins de sa campagne, et à prononcer son allocution au pied du mont Rushmore, toisé par les immenses effigies de ses prédécesseurs Washington, Jefferson, Roosevelt et Lincoln, taillées dans la roche du Dakota du Sud. Tandis qu’une escadrille de F-16 survolait la scène pour la frime, le président du délire avait choisi cet instant d’union patriotique pour éructer de haine contre le «fascisme de gauche», fustiger la «cancel culture», Black Lives Matter et «l’endoctrinement de la jeunesse» dans les écoles publiques décadentes.

Deux ans plus tard, jour pour jour, le spectre d’une présidence de la division et du chaos réactionnaire plane encore sur les flonflons et les barbecues. Alors que Donald Trump, selon des rumeurs persistantes, pourrait annoncer ce lundi sa candidature pour la présidentielle de 2024, une nation déchirée, presque revenue aux lignes frontières de la guerre de Sécession, s’entend au moins pour se désoler de l’état du pays. Près de 60% des Américains,