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Libération
Avant le G20

A Brasilia, deux explosions et une «attaque» manquée contre la Cour suprême du Brésil

Un homme portant des explosifs est mort mercredi 13 novembre au soir à Brasilia après avoir tenté en vain de pénétrer dans le bâtiment de la Cour suprême du Brésil. Une tentative d’attentat, selon les autorités, à quelques jours d’un sommet du G20.
Des véhicules de police,devant la Cour suprême du Brésil après les explosions sur la place des Trois Pouvoirs, mercredi soir à Brasilia. (Tom Molina/REUTERS)
publié le 14 novembre 2024 à 7h36

Pour les autorités brésiliennes, ça ne fait pas l’ombre d’un doute : il s’agit d’un attentat manqué. Un homme portant des explosifs est mort mercredi 13 novembre au soir à Brasilia après avoir tenté en vain de pénétrer dans le bâtiment de la Cour suprême, à quelques jours d’un sommet du G20. «Il y a d’abord eu l’explosion (d’une) voiture», puis un «individu s’est approché du Tribunal suprême fédéral, a essayé d’entrer, n’y est pas parvenu et l’explosion s’est produite devant la porte», a déclaré devant la presse la vice-gouverneure de Brasilia, Celina Leao.

Selon les informations préliminaires, il s’est agi d’un «suicide», a poursuivi la responsable, évoquant la piste d’«un loup solitaire». L’homme aurait revêtu une ceinture d’explosifs. D’après un document de la police publié par la chaîne GloboNews, il se nommait Francisco Wanderley Luiz et était aussi propriétaire de la voiture. La vice-gouverneure a indiqué que des indices pointent vers lui. Lors d’élections locales en 2020, il avait été candidat au poste de conseiller municipal sous les couleurs du Parti libéral de Jair Bolsonaro, président d’extrême droite alors au pouvoir. La police fédérale a annoncé avoir ouvert une enquête sur «les attaques».

«Il y a des fous partout et de toutes les tendances politiques», a réagi mercredi soir sur X Fabio Wajngarten, conseiller de Jair Bolsonaro, après la divulgation de l’identité présumée de l’assaillant. «Faire des généralisations et des amalgames relève de la crapulerie et de la persécution», a-t-il asséné.

Le spectre des attaques du 8 janvier 2023 réveillé

Des policiers effectuant une ronde avaient repéré le véhicule en feu et ont vu l’individu en sortir précipitamment, a rapporté le sergent Santos, de la Police militaire du District fédéral (qui comprend Brasilia). «Il y a dans la voiture une sorte de bombe, plusieurs explosifs reliés par des briques, mais cela n’a pas pris feu complètement», a-t-il détaillé. La Cour suprême avait auparavant fait savoir qu’à la fin d’une séance «deux fortes explosions ont été entendues» et que les juges et le personnel sur place ont été évacués «par mesure de précaution». La Cour suprême se trouve sur la place des Trois-Pouvoirs, où elle fait face au palais présidentiel et au Parlement. Lula ne se trouvait pas au palais présidentiel au moment des explosions, selon un porte-parole de la présidence.

Cette supposée tentative d’attentat ciblant une institution majeure de la démocratie brésilienne réveille le souvenir des émeutes d’extrême droite contre les sièges de l’exécutif, du législatif et du judiciaire sur la même place de la capitale en janvier 2023. Le 8 janvier 2023, une semaine après le retour de Lula au pouvoir, des milliers de partisans de Jair Bolsonaro, défait au scrutin présidentiel de la fin 2022, avaient pris d’assaut et saccagé les sièges des institutions sur la place des Trois-Pouvoirs. Les attaques du 8-Janvier ont été «très significatives, tristes aussi, et ont bien sûr amené à changer les règles de sécurité de tous les pouvoirs, de tous les bâtiments abritant les trois pouvoirs», a relevé le président du Sénat, Rodrigo Pacheco.

L’attaque présumée s’inscrit en outre dans un contexte particulièrement fort : le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva accueille la semaine prochaine un sommet du G20 à Rio de Janeiro, lundi et mardi, et une visite d’Etat du président chinois Xi Jinping à Brasilia, mercredi.