D’une main tremblante, vêtue de son uniforme de femme de ménage, elle écrit quelques mots sur un carton : «Merci mon père d’avoir été notre voix.» Il est 7 heures du matin devant la cathédrale de Buenos Aires. Patricia est venue, avant d’aller travailler, rendre hommage à celui qu’elle appelle «le pape des pauvres». Elle l’avait rencontré plusieurs fois alors qu’il était archevêque de Buenos Aires, quand il arpentait les ruelles des bidonvilles. «Dans mon quartier, il connaissait tout le monde, pas juste les gens de l’Eglise. Il entrait dans les maisons, écoutait les gens en les regardant droit dans les yeux. Il était austère, oui, mais dégageait une grande bonté. Il disait : “Je préfère être là avec vous qu’à la cathédrale.” Il était l’un des nôtres alors on a été tellement fiers quand il a été élu, même si on savait que ça voulait aussi dire qu’on allait le perdre. Il allait nous représenter en tant qu’Argentins, mais surtout en tant que pauvres.»
Jamais Jorge Bergoglio ne sera retourné en Argentine après son élection. Patricia a les yeux qui brillent en déposant au pied d’une colonne son message ainsi qu’un rosaire : «Si j’avais pu, je serais restée pour la messe, mais mon patron a refusé que j’arrive en retard, malgré les circonstances.» En commençant l’office, le prêtre a la voix légèrement chevrotante d’émotion : «C’est une messe spontanée. De douleur, mais aussi d’espoir», commence-t-il. La première d’une longue série. Toutes les heur