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Rongeur vengeur

A Buenos Aires, les capybaras entrent en résistance

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La biodiversitédossier
Des hordes de «carpinchos», plus gros rongeur au monde, viennent ces dernières semaines troubler la quiétude de Nordelta, l’un des plus chics quartiers de la capitale. Pour beaucoup d’Argentins, ils incarnent presque des justiciers face au développement immobilier sauvage.
Des capybaras près de Mar del Plata, dans la province de Buenos Aires (Argentine), en mai 2020. (Mara Sosti/AFP)
par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 28 août 2021 à 9h40

Pour entrer à Nordelta, l’un des plus prestigieux quartiers privés argentins, il faut normalement montrer patte blanche, être annoncé et passer plusieurs contrôles de sécurité. Derrière les hauts murs et les rouleaux de fil barbelés, de confortables résidences jouxtent des lacs artificiels, des terrains de golf, de polo et leurs pimpants club houses. Luxe, calme et sécurité. Mais ces dernières semaines, des hordes d’intrus ont fait irruption à Nordelta sans y avoir préalablement été invités. Des centaines de capybaras, ces très gros rongeurs d’Amérique Latine (ils peuvent atteindre 1,30 mètre et peser jusqu’à 60 kilos), appelés carpinchos en Argentine et bénéficiant d’un fort potentiel de sympathie, ont joyeusement ravagé les impeccables gazons anglais, fait leurs ablutions dans les piscines à débordement et même provoqué un accident de la route en fonçant en bande sur un motard. La communauté de Nordelta est sur les dents.

Dans le quotidien conservateur la Nación, un résident relate : «J’ai entendu des cris terribles et en passant la tête par la fenêtre, j’ai vu qu’un carpincho tenait Oreo [son caniche blanc, ndlr] entre ses dents. Il y en avait deux et je suppose que la femelle était enceinte, que le mâle l’a défendu. Mais je ne sais pas de quoi : Oreo n’avait rien fait. Quand je suis sorti en courant, ils l’ont lâc