Cling, clang ! Brisant le silence de la nuit de Buenos Aires, un premier son métallique, comme un appeau, qui en appelle des milliers d’autres. Bientôt, c’est une rumeur cacophonique qui monte des balcons, des fenêtres, des terrasses et emplit tout l’espace. Javier Milei, le président anarcho-capitaliste, vient d’énoncer d’une voix morne la litanie des réformes qu’il fait passer en force, et qui entrent en vigueur immédiatement, sans passer par le Congrès. Sur les 300 que compte son mégadécret, il en a détaillé vingt. Au programme : austérité, casse sociale et privatisations.
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La violence est telle qu’elle a réveillé les casseroles argentines, qu’on n’entendait plus depuis longtemps. Par petites grappes, des milliers d’Argentins sortent dans les rues, stationnant d’abord en bas de chez eux, batterie de cuisine en main. De groupe en groupe, un mot d’ordre : direction le Congrès.
«On était déjà pauvres, on sera miséreux»
Il y a à peine plus de dix jours, c’est sur ces marches que Javier Milei a prononcé son discours d’investiture, promettant du sang, de la sueur et des larmes pour relever le pays, en pleine crise économique. Il était campé dos aux deux chambres, comme une annonce de sa volonté de les court-circuiter. «Milei, ordure, tu es la dictature !» Milagros Suárez s’époumone au milieu de la foule. Cette fem