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Répression

A Cuba, quinze ans de prison pour avoir manifesté contre les coupures de courant

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Treize personnes ont été condamnées à Camagüey après avoir protesté dans la rue en 2022 contre les incessantes coupures d’électricité. Une jeune fille qui avait transmis des images sur Facebook écope de la peine la plus lourde.
Mayelín Rodríguez Prado en 2022. (DR)
publié le 30 avril 2024 à 8h25

Sur une photo postée jadis sur ses réseaux sociaux, Mayelín Rodríguez Prado fait avec les doigts le L de liberté, un signe de ralliement des opposants cubains au régime communiste. La semaine dernière, la jeune femme de 22 ans a été privée de cette liberté pour quinze ans par un tribunal de Camagüey, à 600 km de La Havane. Le motif de cette peine : «sédition et propagande ennemie». Dans les faits : avoir retransmis par Facebook, le 18 août 2022, une manifestation à laquelle elle participait à Nuevitas, où elle résidait.

Ce jour-là, l’exaspération face à des coupures de courant qui pouvaient atteindre dix-huit heures par jour, par une chaleur suffocante, avait jeté dans la rue des dizaines de familles dans deux quartiers de la ville de 35 000 habitants. Le gouvernement de Miguel Díaz-Canel avait retenu la leçon du 11 juillet 2021, quand une flambée de colère citoyenne avait provoqué des dizaines de défilés à travers l’île, à mesure que les appels à se joindre au mouvement se répandaient sur les réseaux sociaux. A Nuevitas, très rapidement, les relais de téléphonie mobile étaient désactivés, et les manifestants dispersés à coups de matraques et de gaz lacrymogènes. Un autre rassemblement avait lieu le lendemain, réprimé de la même façon.

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A la vingtaine de personnes arrêtées sur place se sont ajoutées