Le 19 avril, la disparition à 70 ans de José Luis Cortés, alias «El Tosco» (le rustre, le grossier) était saluée dans la presse officielle cubaine comme une perte irréparable pour la musique de l’île. Le flûtiste et fondateur du groupe NG La Banda était le père de la timba, un amalgame détonnant de salsa et de funk qui a fait danser Cuba tout au long des années 90, période de privations où la population avait grand besoin de se distraire. Mais dans les jours qui ont suivi, sur les réseaux sociaux et les sites d’opposition, un autre visage du musicien apparaissait : celui d’un agresseur dénoncé dès 2019 par une ancienne compagne. Au même moment, les témoignages se multipliaient sur le comportement abusif d’une personnalité appréciée du régime communiste : le «trovador» (chanteur à textes) Fernando Bécquer.
En juin 2019, Dianelys Alonso, qui fait aujourd’hui carrière sous le nom de La Diosa de Cuba, révélait sur la chaîne YouTube de l’influenceur anticastriste Alex Otaola, installé à Miami, les souffrances endurées quand elle était membre de NG La Banda. S’exprimant depuis Cuba, elle décrivait les violences infligées par José Luis Cortés, qui fut un temps son compagnon. Coups, insultes, humiliations sur scène comme en coulisses… En larmes, la chanteuse racontait comment, lors d’une tournée en Italie, El Tosco avait fait arrêter le bus du groupe en pleine nature pour la jeter dehors. D’après le récit de La Diosa, le directeur du groupe était revenu la chercher trois heure