Alors que la prison de Guantánamo atteignait son vingt-deuxième anniversaire en janvier, Joe Biden fut rappelé par une lettre ouverte à sa promesse de candidat, en 2020, d’en finir avec cette machine carcérale hors norme, emblème terrible des années George W. Bush. Parmi la centaine d’organisations cosignataires de l’appel, le Centre pour les victimes de la torture, dont le directeur, Scott Roehm, s’est entretenu avec Libération.
Pensez-vous qu’un procès des organisateurs des attentats du 11-Septembre, toujours détenus à Guantánamo, puisse un jour avoir lieu, après des années d’audiences préliminaires ?
Je n’y crois pas. Les vingt-deux années écoulées depuis l’ouverture du camp n’ont cessé de fournir les preuves que cette affaire ne peut pas aller vers un procès. Aux Etats-Unis, du moins, c’est presque impossible. C’est une impasse, et le travail de l’accusation repose sur des fondations vaseuses, la plupart des preuves ayant été obtenues par la torture. L’affaire ne peut sans doute se clore que par un accord de plaider-coupable [comme celui annoncé par le Pentagone le 31 juillet avec le «cerveau» des attentats du 11 septembre, Khalid Cheikh Mohammed, détenu depuis dix-huit ans sur la base, et avec deux autres coaccusés,