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Libération
Interview

A Guantánamo, «le travail de l’accusation repose sur des fondations vaseuses, la plupart des preuves ayant été obtenues sous la torture»

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Les attentats du 11 Septembre 2001 aux Etats-Unisdossier
Le directeur du Centre pour les victimes de la torture, Scott Roehm, estime qu’il est «presque impossible» que le procès des attentats du 11 Septembre se tienne un jour aux Etats-Unis.
Lors d'une manifestation demandant la fermeture de Guantánamo, devant la Maison Blanche, le 11 janvier 2023. (Alex Wong/Getty Images via AFP)
par Julien Gester, correspondant à New York
publié le 19 août 2024 à 19h33

Alors que la prison de Guantánamo atteignait son vingt-deuxième anniversaire en janvier, Joe Biden fut rappelé par une lettre ouverte à sa promesse de candidat, en 2020, d’en finir avec cette machine carcérale hors norme, emblème terrible des années George W. Bush. Parmi la centaine d’organisations cosignataires de l’appel, le Centre pour les victimes de la torture, dont le directeur, Scott Roehm, s’est entretenu avec Libération.

Pensez-vous qu’un procès des organisateurs des attentats du 11-Septembre, toujours détenus à Guantánamo, puisse un jour avoir lieu, après des années d’audiences préliminaires ?

Je n’y crois pas. Les vingt-deux années écoulées depuis l’ouverture du camp n’ont cessé de fournir les preuves que cette affaire ne peut pas aller vers un procès. Aux Etats-Unis, du moins, c’est presque impossible. C’est une impasse, et le travail de l’accusation repose sur des fondations vaseuses, la plupart des preuves ayant été obtenues par la torture. L’affaire ne peut sans doute se clore que par un accord de plaider-coupable [comme celui annoncé par le Pentagone le 31 juillet avec le «cerveau» des attentats du 11 septembre, Khalid Cheikh Mohammed, détenu depuis dix-huit ans sur la base, et avec deux autres coaccusés,