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Libération
Face à face

A Harvard, deux rapports internes dénoncent en miroir des climats antisémites et islamophobes

Alors que Donald Trump la taxe «d’institution antisémite d’extrême gauche», et essaie de s’immiscer dans sa gestion, la prestigieuse université américaine a publié mardi 29 avril les conclusions de deux groupes de travail qui tentent d’éclairer les tendances discriminatoires à l’œuvre dans ses murs.
Harvard, aux Etats-Unis, le 17 avril 2025. (Sophie Park/Getty Images via AFP)
publié le 30 avril 2025 à 12h24

Deux haines face à face. C’est le constat que dressent deux rapports internes révélés par Harvard ce mardi 29 avril, qui attestent qu’un climat antisémite et islamophobe s’est installé sur le campus de la prestigieuse université américaine. Les deux études de plusieurs centaines de pages ont été élaborées à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d’étudiants et d’encadrants recueillis depuis janvier 2024.

Un premier groupe de travail sur l’antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d’étudiants, a établi que les deux phénomènes «ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire». Le rapport exhorte l’université pluricentenaire à «devenir leader dans la lutte contre l’antisémitisme et les positions anti-Israël».

«Harvard ne peut pas tolérer l’intolérance»

Un autre groupe de travail distinct, cette fois consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à «un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel». Les personnes interrogées décrivent «un sentiment de précarité, d’abandon, de menace et d’isolement, ainsi qu’un climat d’intolérance omniprésent», écrivent ses auteurs.

«Harvard ne peut pas – et ne va pas – tolérer l’intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement», s’engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l’initiative des deux rapports, en promettant de «superviser la mise en oeuvre des recommandations» préconisées.

Harvard, l’université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s’est distinguée en étant la première à attaquer en justice l’administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d’exigences du Président.

«Foutoir progressiste»

Ces deux travaux sont ainsi publiés au moment où l’université implantée près de Boston (Nord-Est) s’est attirée les foudres du président américain, qui l’a dernièrement dépeinte en «institution antisémite d’extrême gauche», «foutoir progressiste» et «menace pour la démocratie». Harvard, comme d’autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est notamment accusée par Donald Trump d’avoir laissé prospérer l’antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Donald Trump reproche aux universités d’être des foyers de contestation progressiste, et veut donc désormais avoir un droit de regard sur les procédures d’admission des étudiants, les embauches d’enseignants ou encore les programmes. L’accusation d’antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d’enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.