Elle virevolte, minaude et esquisse quelques pas de danse. Sur ses cheveux blonds au carré, elle a enfilé son bonnet rouge «Make America Great Again». Emmitouflée dans une grande doudoune noire, elle montre fièrement ses collants aux couleurs du drapeau américain. «Je les porterai jusqu’à l’investiture.» Ce mercredi soir de janvier, il fait un froid glacial, une bonne dizaine de degrés au-dessous de zéro, mais, sous les murs du centre de détention de Washington DC, «notre sang américain nous tient chaud», répète en boucle Nicole Reffitt, 52 ans, sous les yeux de ses quatre accompagnateurs du soir et de trois journalistes gelés.
Ce côté de la prison fait face à un cimetière. Apparemment, au printemps, des cerisiers y fleurissent en masse. Mais quatre jours avant l’investiture du 47e président des Etats-Unis, on ne distingue dans l’obscurité que les ombres des tombes qui émergent çà et là de la neige. Il y a les hauts murs couverts de barbelés, les projecteurs, les voitures de police qui clignotent dans la nuit et il y a Nicole qui «fait le DJ». A ses pieds, un énorme haut-parleur branché sur son téléphone portable diffuse de la bonne country américaine. Contre le mur du cimetière, trois immenses drapeaux américains ont été posés. De la prison, en prenant Massachusetts Avenue, presque en ligne droite, on tombe directement sur le Capitole des Etats-Unis.