«Dans l’heure à venir, les chaînes d’informations afficheront un split-screen : d’un côté de l’écran, Biden s’adressant à l’Assemblée générale, de l’autre l’armée israélienne larguant des bombes américaines sur le Liban.» Professeur de droit à l’université de Rutgers (New Jersey), Adil Haque avait vu juste dans sa prédiction de ce mardi 24 septembre. Il ne s’était pas aventuré à deviner à quel point la dissonance de ce montage d’actualités simultanées serait rendue plus stridente encore par le message alors porté à la tribune de l’ONU par le président des Etats-Unis : «Les choses peuvent s’arranger.» Le secrétaire général de l’organisation, António Guterres, l’avait précédé à la tribune avec une adresse manifestement amendée à la hâte, tandis que des centaines de personnes étaient tuées par les bombardements de Tsahal au Liban : un pays «au bord du gouffre […], [dont] le monde ne peut se permettre qu’il devienne un autre Gaza», avait-il lancé aux quelque 200 Etats représentés devant à lui à New York.
S’adressant une toute dernière fois aux Nations unies en tant qu’occupant de la Maison Blanche, le président américain n’a en revanche pas semblé vouloir bousculer le script de sa parade d’adieu. Et ce Biden au crépuscule était donc venu faire du Biden – dans une version fatiguée, monocorde, sans envolée : il a ouvert par une blague (sur son grand âge), il a invoqué le poète irlandais Yeats (et son constat désolé de 1919 : «Tout se disloque. Le centre ne p