Il est bientôt 9 heures du matin et le parking du Home Depot de Wilshire Boulevard, à l’ouest du centre-ville de Los Angeles, est humainement vide. Il y a bien des voitures et des pick-up de particuliers qui viennent faire quelques achats dans ce magasin de grande distribution, mais les travailleurs sont partis. Ils se terrent chez eux lorsqu’ils ne croupissent pas dans les geôles de l’ICE, la police migratoire américaine. «Jusqu’à la semaine dernière, on voyait plus d’une centaine de bonshommes ici le matin, qui cherchaient du boulot», raconte Thomas (1), un Mexicain naturalisé qui fait «du business» à côté. Ce matin, ils ne sont que trois. Ils ont le regard fuyant et leur méfiance les rend mutiques. «Ce sont les seuls qui osent encore venir, parce qu’ils n’ont pas le choix, traduit Thomas. Les autres se cachent.»
Ils fuient la menace d’être arrêtés, voire pire, d’être expulsés du pays. Car il y a tout juste une semaine, le vendredi 6 juin, sur ce même parking, les agents de l’ICE – la «migra», pour les latinos – ont débarqué dans leurs fourgonnettes et