«Montez, je vous emmène !» lance d’un ton impérieux la conductrice d’une Coccinelle orange criard. Aide Bonilla conduit depuis vingt ans son taxi officieux dans les rues escarpées de Cuautepec. Elle parle vite et sa voix aux modulations chantantes accompagne le cheminement bringuebalant de sa VW aux courbes si reconnaissables dans ce quartier populaire construit sur les flancs des collines, à l’extrême nord de la ville de Mexico. «Je connais peut-être les deux tiers des rues, mais j’en découvre encore de nouvelles tous les jours», reconnaît Aide, les cheveux noirs tirés en arrière pour découvrir un visage lisse et souriant, imperméable au concert pétaradant qui hurle autour d’elle.
Les vieilles Volkswagen dévalent une étroite rue pentue débouchant sur l’avenue Francisco-Villa et le jardin Hidalgo, le cœur vibrant de Cuautepec. Le nom du quartier signifie «la colline des aigles» en langue nahuatl. Mais il porte mal son nom aujourd’hui : c’est devenu la colline des Coccinelle. Les dizaines de milliers d’habitants qui peuplent ce quartier de la périphérie pauvre de la capitale ont en effet opté pour ce mode de transport. Avec son moteur situé à l’arrière, à la place du coffre, la voiture emblématique est considérée comme le véhicule le plus pratique, costaud et léger à la fois, pour grimper les rues à pic.
Au Mexique, l’inusable et indémodable Volkswagen est surnommée familièrement vocho. Et Cuautepec, Vocholandia, son royaume. Des milliers d’entre ell