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Déni

A Montréal, l’omerta persistante sur les agressions sexuelles au sein de l’Eglise catholique

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Pédocriminalité dans l'Eglisedossier
Malgré la mise en place en 2019 d’un processus transparent pour recueillir et traiter les plaintes pour abus sexuels, l’archevêché de Montréal n’hésite pas à mettre des bâtons dans les roues de la médiatrice chargée des enquêtes.
La croix du Mont-Royal à Montreal. (Brian Caissie/Getty Images)
par Jean-François Gérard, Correspondant à Toronto
publié le 20 décembre 2022 à 6h49

«L’archidiocèse de Montréal veut aller au fond des choses dans la recherche de la vérité. […] Nous voulons entendre les victimes et mieux les soutenir.» Ces phrases de l’archevêque Christian Lépine figurent toujours en bonne place sur le site de l’Eglise catholique de Montréal. Ce volontarisme initié en 2019, à la suite de la condamnation pour agressions sexuelles sur deux mineurs du prêtre Brian Boucher (les faits remontent à 1995-1999 et 2008-2011), est aujourd’hui sérieusement remis en cause. Publié le 12 décembre, le cinquième rapport de «l’ombudsman» – une médiatrice, l’avocate Me Marie-Christine Kirouack, nommée en mai 2021 et chargée de recueillir des plaintes et d’enquêter dans les archives du diocèse – conclut que «le processus de plaintes vit des jours difficiles».

«Effet d’entonnoir»

Ce travail qui se voulait exemplaire porte sur les abus sexuels (41 plaintes sur les 188 déposées à ce jour) mais aussi d’ordres physiques, psychologiques, financiers ou spirituels. L’avocate croit encore à la «bonne foi» de l’archevêque mais estime qu’il est «fort possiblement» mal conseillé et «manque de force dans l’application des règles» édictées. «Depuis juin 2022, les délais sont devenus interminables dans certains dossiers, particulièrement dans les dossiers touchant les “anciennes plaintes”, créant un effet d’entonnoir qui perdure», déplore la médiatrice. Ainsi, des suspensions recommandées en mai et juin n’avaient toujours pas été décrétées début décembr